Coliques

Bien qu’elles puissent résulter de l’atteinte d’autres organes (rein, utérus), on désigne par coliques chez le cheval les douleurs abdominales d’origine digestive. Elles ont une classification en rapport avec le segment de l’appareil digestif touché.

Causes de la maladie

Appareil digestif

Les particularités anatomiques de son tube digestif (très peu de points d’attaches dans la cavité abdominale font qu’il y est presque entièrement flottant) et sa sensibilité au stress et à la douleur prédisposent le cheval aux coliques.
Elles peuvent avoir une évolution extrêmement grave et constituent la première cause de mortalité chez les équidés.

Schéma appareil digestif cheval
Figure 1 : Schéma de l’appareil digestif du cheval

FACTEURS DE RISQUES
Les coliques ont des causes diverses et multiples qui peuvent se conjuguer. Ce sont des pathologies d’origine multifactorielle.
Il est cependant possible de distinguer des facteurs de risque dont certains sont propres au cheval et d’autres relèvent de son utilisation, de son environnement et de la conduite d’élevage.
Les coliques peuvent concerner divers segments de l’appareil digestif :

Organe

Incidence moyenne

en %

Estomac

2,5

Intestin grêle

19,2

Caecum

4,5

Colon

32

Rectum

0,7

Inconnu

37,4

Tableau 1 : Incidence moyenne des différents organes touchés dans les cas de coliques chez les chevaux

Les facteurs de risque liés au cheval

Caractères

Risque

Commentaires

Race Non

prouvé

Les Pur-Sang, Arabes et chevaux de selle seraient plus prédisposés.

Sexe Non

prouvé

Les étalons et les hongres seraient plus prédisposés.

Âge Non

prouvé

L’âge serait un facteur de risque de coliques mais les données d’études sont contradictoires. L’âge est à mettre en relation avec le niveau d’activité et l’alimentation qui seraient également des facteurs de risque de coliques.

Tic et pica Oui

Le tic à l’appui est surtout révélateur d’ennui et d’inactivité qui seraient facteurs de risque de coliques. Le pica est aussi révélateur d’ennui.

Antécédents de coliques Oui

Un cheval ayant déjà fait des coliques serait plus exposé.

Les facteurs de risque liés au mode de vie du cheval

Mode de vie

Risque

Commentaires

Vie en box Oui

La vie en box favorise l’inactivité. Elle serait ainsi un risque de coliques.

Changement de lieu de vie Oui

Les changements de lieu de vie seraient facteurs de risque de coliques en particulier lors du passage du pâturage à la vie en box.

Changement d’activité Oui

Au changement d’activité correspond en général des changements d’alimentation et de lieux de vie qui seraient des facteurs de risque de coliques.

Niveau d’activité Oui

Une activité intense ou l’inactivité accroîtrait les risques de coliques.

Transports Non

prouvé

Le transport est facteur de stress qui accroît le risque de coliques.

Les facteurs de risque liés aux conditions climatiques

Paramètres

Risque

Commentaires

Modifications de climat Non

prouvé

Les modifications climatiques seraient en relation avec l’apparition de coliques. Ce risque est couramment admis bien que les données épidémiologiques soient contradictoires.

Les facteurs de risque liés à l’entretien du cheval

Paramètres

Risque

Commentaires

Personne s’occupant du cheval Oui

Le risque de développer des coliques serait plus fiable lorsque le propriétaire s’occupe lui-même de son cheval.

Parasitisme gastro-intestinal Oui

Le parasitisme gastro-intestinal augmenterait le risque de coliques. L’évaluation de l’efficacité des traitements antiparasitaire sur ce risque donne des résultats contradictoires.

Etat de la dentition Probable

L’état de la dentition conditionne la prise alimentaire et son rendu physique lequel jouerait un rôle dans l’apparition des coliques.

Les facteurs de risque liés à l’alimentation et l’abreuvement

Paramètres

Risque

Commentaires

Type d’aliment Oui

La présence de concentrés dans la ration et la consommation de paille augmenteraient le risque de coliques. La consommation d’herbe et de foin les diminuerait.

Qualité de l’aliment Oui

Les foins grossiers, de mauvaise qualité, moisis ou poussiéreux, les céréales traitées technologiquement (farines), les prés surpâturés (ingestion de terre) favoriseraient l’apparition de coliques.

Quantité d’aliment et fractionnement de la prise alimentaire Oui

Une ration absorbée sur des temps brefs et/ou en trop grande quantité serait un risque de coliques.

Mode de distribution Oui

Les balles de foin rondes, une distribution à faible hauteur accroitraient le risque de coliques.

Changements de régime Oui

Toute modification dans la nature, les quantités, le rythme et le mode de distribution, de l’aliment serait risque de coliques.

Eau Oui

Une eau sale, de température trop élevée ou trop basse, ou ingérée trop brutalement en grande quantité serait risque de coliques.

Traitement & prévention

PREVENTION

Les facteurs liés à l’animal et les conditions climatiques sont des impondérables sur lesquels on ne peut agir, mais une conduite raisonnée de l’élevage et des animaux permet de maîtriser les autres facteurs de risque.
L’objectif est de gérer au mieux les événements de la vie du cheval constituant un risque de coliques.

Anticiper
Tous les changements intervenant dans la vie du cheval peuvent engendrer un risque de coliques. Il est donc important de les apprécier afin de pouvoir anticiper au mieux pour le bien être du cheval.

Avoir présente à l’esprit la relation :
Modifications
(régime alimentaire <=> lieu de vie <=> niveau d’activité)
= Risque de coliques

Régime alimentaire
Respecter une régularité dans la nature et la distribution quotidiennes de la ration. En particulier veiller à ce que le cheval ne puisse avoir accès qu’à sa ration programmée afin d’éviter toute surcharge alimentaire (exemple du cheval qui déclenche une colique quelques heures après avoir ingéré un sac de granulé ouvert et oublié par inadvertance).
Respecter une transition alimentaire de 4 à 8 jours chaque fois que le régime est modifié (changement d’aliment, changement de stock d’aliment, adaptation du régime au niveau d’activité requis, mise au pâturage, mise au box) :

  • Incorporer progressivement un foin issu d’un nouveau stock à l’ancien.
  • Réaliser progressivement l’introduction d’un nouveau concentré ou d’un nouveau pourcentage de concentré dans la ration (besoins énergétiques accrus lors d’entrée en compétition par exemple).
  • Mettre à l’herbe progressivement en diminuant inversement la ration hivernale.

Veiller aussi à :

  • Gérer les pâturages : au printemps, attention
    aux prés trop riches; limiter la surface disponible par cheval et les durées de pâturage. Attention aux prés surpâturés où les chevaux ingèrent de la terre.
  • Ne pas surcharger la ration lors de la mise au box en hiver.

Lieu et mode de vie

Aménager des sorties quotidiennes pour un cheval vivant en box.

  • Gérer les transitions box-pâturage en relation avec l’alimentation.
  • Prévoir pour les transports une alimentation identique en nature à celle utilisée dans la période précédant le voyage. Prévoir également du foin.
  • Adapter les changements prévisibles d’alimentation lors de changements d’espaces (achat d’un cheval par exemple).

Cheval box

Figure 2 : Un cheval au box a besoin de sortir quotidiennement

Niveau d’activité

  • Procéder par étapes progressives pour amener le cheval au niveau d’activité requis.
  • Adapter l’alimentation en prévision de ces étapes en respectant la progression.

Chevaux dans un paturage

Limiter les facteurs d’ennui et de stress

  • Un moyen simple: donner à manger en quantité adéquate en instaurant une durée minimale de prise alimentaire ce qui occupe et tranquillise le cheval. Ceci se produit naturellement au pâturage.
  • En box, même si la ration prévoit des concentrés, il faut toujours donner du foin ou des fourrages dont la consommation allonge le temps d’ingestion.

Chevaux dans un paturage
Figure 3 : Pour limiter le stress, rien de tel que d’être dans un bon herbage, en bonne compagnie

Penser aux soins annuels

  • Suivre un programme de vermifugation recommandé par un vétérinaire.
  • Pratiquer des soins dentaires.

Soins dentaires équins
Toujours penser à l’eau

Elle doit être fraîche et propre, de préférence en libre-service toujours accessible afin d’éviter les déshydratations et, à l’opposé, les absorptions massives et brutales.