Myopathie atypique

La classification des maladies est en cours d'évolution dans le cadre de la mise en œuvre de la Loi Santé Animale. Les mises à jour avec les nouvelles catégories seront réalisées une fois l'ensemble des décrets d'application publiés.

La myopathie atypique (MA) est une maladie saisonnière désormais bien présente en France et en Europe. Elle se caractérise par une destruction des muscles posturaux, respiratoires et du myocarde. Des études récentes ont montré que la cause serait une toxine présente dans les graines de certains arbres du genre « Acer » (érable) dont l'Acer pseudoplatanus ou érable sycomore.

Causes de la maladie

L’hypothèse d’une toxine d’origine environnementale alternant le métabolisme énergétique musculaire a été émise.

Aux Etats-Unis, il a été aussi montré que la myopathie saisonnière était causée par une toxine : « l’hypoglycine A » présente dans les graines de l’Acer negundo (érable negundo). Une fois ingéré, l’hypoglycine est métabolisée en composé toxique « MCPA » qui engendre des désordres biochimiques.

L’Acer pseudoplatanus est un arbre qui peut atteindre 20 à 30 m de haut. Ses feuilles sont vert sombre et présentent 5 lobes arrondies.

samares et feuilles de l'érable negundo
Figure 1 : Samares (a) et feuilles (b) de l’érable negundo

On le retrouve dans les forêts mixtes de l’Europe occidentale jusqu’à la Mer Baltique. La configuration des fruits (samares) prédispose à la dissémination par le vent, ce qui accroît le rayon d’action d’un arbre ou bosquet.

Épidémiologie

La MA, appelée aussi myoglobinurie atypique des chevaux au pré, est une maladie généralement fatale se caractérisant par une dégénérescence sévère de différents groupes musculaires, dont les muscles intervenant dans la respiration, la posture, ou encore le muscle cardiaque.

La MA frappe les équidés de toutes espèces (chevaux de trait, de selle, poneys, ânes et zèbres) séjournant en pâture la majeure partie de la journée.

La MA ne présente pas les caractéristiques d’une maladie contagieuse. Cependant, son apparition étant liée à des conditions environnementales particulières, plusieurs chevaux pâturant sur une même prairie peuvent être affectés simultanément. Les séries cliniques se déclarent essentiellement au printemps et en automne.

Samares et feuilles de l'érable sycomore
Figure 2 : Samares (a) et feuilles (b) de l’érable sycomore

Situation européenne

Depuis 2006, l’Autriche, la France, l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, le Luxembourg, l’Irlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suisse, l’Espagne, la République tchèque ont été touchés dont 69% des cas en Belgique, en France et en Allemagne.

Outre-Atlantique, une maladie présentant les mêmes caractéristiques cliniques a été identifiée depuis 2006 aux Etats-Unis.

répartition des cas géolocalisés de myopathie
Figure 3 : Répartition des cas géolocalisés survenus au cours de l’automne 2013 (en rouge) et des 12 cas survenus entre l’automne 2004 et l’automne 2011 inclus dans l’étude (en jaune), Source : AMAG

Symptômes


Présents chez plus de 50% des cas

Présents chez moins de 50% des cas

Emission d’une urine foncée (émission spontanée ou à la suite d’une palpation rectale ou encore d’une cathétérisation) ; 93%)

Difficultés respiratoires (49%)

Muqueuses congestives (couleur rouge) ; (93%)

Hypothermie (température rectale < 37°C) ; (29%)

Faiblesse généralisée (85%)

Anorexique (28%)

Raideurs (83%)

Difficulté à déglutir (23%)

Psychisme déprimé (80%)

Appétit exacerbé (18%)

Fréquence cardiaque augmentée (> 45 battements/ min) ; (79%)

Hyperthermie (température rectale > 38°C) ; (11%)

Cheval couché sur le flanc (78%)
Appétit conservé (72%)
Tremblements (68%)
Sudation (64%)
Température rectale normale (37-38°C ; 60%)
Distension de la vessie (58%)

Traitement & prévention

Traitement
Aucun antidote de la toxine n’existe actuellement. Le traitement conseillé est l’administration de vitamines, d’antioxydants et de carnitine qui soutiennent la fonction musculaire et le métabolisme énergétique.

Prévention
La proximité d’érables sycomores et notamment pendant les périodes de production des fruits pourrait être évitée pour les chevaux vivant en pâture. Cependant la prévention semble difficile compte tenu de la dissémination des graines.

Il n’est pas exclu que la toxine puisse être contenue dans les fruits d’autres arbres c’est pourquoi la recherche en Europe s’attèle à valider un dosage de l’hypoglycine dans les échantillons de végétaux ainsi qu’un dosage rapide de la toxine dans le sang de chevaux malades.

RESEAU DE SURVEILLANCE
Depuis 2005, le réseau d’alerte de la MA a été constitué : il s’agit de l’AMAG (Atypical Myopathy Alert Group).

Initié par l’Université de Liège et géré par le Centre européen du Cheval (Belgique), il rassemble les chercheurs et cliniciens européens confrontés à la problématique de la MA.
Depuis l’apparition des premiers cas français en 2002, le Réseau d’EpidémioSurveillance en Pathologie Equine (RESPE ; www.respe.net), participe au réseau européen.

Le groupe AMAG collecte les informations épidémiologiques et cliniques auprès des propriétaires de chevaux et des vétérinaires (de terrain, de cliniques privées et universitaires) et informe les professionnels de la filière équine lors de l’émergence de séries cliniques.

Retrouvez les informations sur le site :
www.myopathieatypique.be.

Si vous avez connaissance d’un cas, merci de le déclarer :

Si vous manquez de temps, vous pouvez faire une déclaration rapide via le lien suivant (et compléter votre déclaration par la suite) :
http://www.myopathieatypique.fr/declarer- un-cas/primo-declaration/.

Bibliographie

Finno, C.J., Valberg, S.J., Wunschmann, A., Murphy, M.J., 2006. Seasonal pasture myopathy in horses in the midwestern United States: 14 cases (1998-2005). J Am Vet Med Assoc 229, 1134-1141.
Votion, D.M., 2004. Atypical Myopathy Alert Group (AMAG) : www.atypicalmyopathy.com, Liège.
Votion, D.M., Linden, A., Saegerman, C., Engels, P., Erpicum, M., Thiry, E., Delguste, C. , Rouxhet, S. , Demoulin, V . , Navet, R. , Sluse, F., Serteyn, D., van Galen, G., Amory, H., 2007. History and clinical features of atypical myopathy in horses in Belgium (2000-2005). J. Vet. Intern. Med. 21, 1380- 1391.

Foire aux questions

+- Comment se fait-il qu'il n'y a pas d'alerte sur la myopathie atypique ?

La myopathie atypique n’est pas une maladie contagieuse, elle ne demande donc pas une information immédiate de la filière pour éviter les contaminations.
Cette maladie est une intoxication due à l’ingestion des graines ou plantules de l’érable sycomore principalement en France. A ce titre, elle dépend de la quantité de graines ou de plantules présents dans l’environnement des équidés, qui varie selon les saisons et les années.
Même s’il ne réalise pas d’alerte pour chaque cas confirmé de myopathie atypique, le RESPE diffuse des appels à la vigilance au moment des saisons à risque (printemps et automne), ou quand un nombre croissant de cas sont recensés.
Par ailleurs, le RESPE suit cette maladie de près et effectue des bilans réguliers en collaboration avec l’AMAG, réseau européen de surveillance de la Myopathie atypique et l’Université de Liège.

+- La myopathie atypique est-elle une maladie inéluctable ?

Lorsqu’un cas de myopathie atypique se déclare dans une pâture, les autres équidés présents doivent être retirés de cette pâture. Ils doivent être surveillés étroitement dans les jours suivants car ils ont été exposés à la toxine présente dans le milieu. Toutefois, il est possible d’assainir une prairie en supprimant l’exposition aux érables sycomores ou au moins de réduire le risque. L’abattage peut s’avérer nécessaire, mais d’autres mesures de prévention existent également, comme l’élagage des arbres, la limitation du temps de pâturage, le ramassage et la destruction des samares et des plantules.

+- Comment réagir face à un cas de myopathie atypique ?

Un soutien thérapeutique existe, bien qu’il n’existe pas d’antidote. La mortalité reste très élevée, mais une prise en charge vétérinaire rapide permet d’augmenter les chances de survie : appeler le vétérinaire est donc le premier réflexe à avoir. Si l'animal le peut, il est préférable de le déplacer à l’abri en prévoyant une couche épaisse de litière. Une perfusion, des vitamines et des antioxydants pourront être proposés par le vétérinaire. Les antibiotiques ne sont pas justifiés car la maladie n’est pas d’origine infectieuse.

Les animaux survivants n’ont généralement pas de séquelles.

+- Quels sont les symptômes de la myopathie atypique ?

Il s’agit une maladie aiguë, aucun élément clinique ou scientifique ne permet de dire que la myopathie atypique puisse se présenter sous forme chronique. Les symptômes apparaissent brutalement ; souvent l’équidé malade est retrouvé couché alors qu’il allait bien la veille.

Dans la grande majorité des cas, il n’y a pas de fièvre,  l’appétit est généralement conservé, mais une atteinte très sévère de l’état général est constatée : difficulté ou incapacité à tenir debout, raideurs musculaires, tremblements, transpiration, urine très foncée (couleur café), congestion des muqueuses… doivent mener à une suspicion de myopathie atypique.

+- Existe-t-il une saisonnalité marquée pour la myopathie atypique ?

L’intoxication est liée à l’ingestion des graines et des plantules, la saisonnalité est donc logiquement liée au cycle de vie de l’érable sycomore : l’automne, à la chute des samares et le printemps, lorsque les graines germent et donnent des plantules, sont deux périodes à risque.

+- La myopathie atypique est-elle une maladie du cheval mal nourri ?

Les études ont montré que les chevaux bien nourris sont aussi sujets à la myopathie atypique. Les études ont montré qu'il n’y a aucune prédisposition liée au sexe.

Par ailleurs, les facteurs ayant une influence prouvée sur le risque d’être affecté par la myopathie atypique sont notamment l’âge : les chevaux de moins de 5 ans étant plus touchés, et la durée de pâturage : les chevaux affectés passent généralement plus de 6 heures par jour en prairie.

+- Quelle est la cause de la myopathie atypique ?

Depuis 2013, la cause de la maladie a été clairement identifiée : c’est l’ingestion d’une toxine, l’hypoglycine A, qui la provoque. Cette toxine est contenue dans les fleurs, les graines (aussi appelées samares) et les plantules de l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus). L’érable negundo (Acer negundo), plus rare en Europe, en produit également. L’animal s’intoxique principalement en consommant les samares ou les plantules.

L’hypoglycine A est transformée par l’organisme du cheval en un composé toxique qui perturbe fortement le métabolisme énergétique des cellules musculaires et les empêche d’utiliser les lipides comme source d’énergie. En Europe, aucun autre végétal (arbre, arbuste, plante, etc.) n’a pour le moment été incriminé.

+- La myopathie atypique est-elle une maladie émergente ?

Cette intoxication d’origine environnementale et fatale dans environ 70% des cas touche des équidés au pré et est décrite depuis les années 40. Elle est considérée comme émergente depuis le début des années 2000. Le Réseau d’Epidémiosurveillance en Pathologie Equine (RESPE) et l’AMAG (Atypical Myopathy Alert Group) travaillent à la surveillance de cette maladie en Europe et mènent des recherches collaboratives à son sujet. La déclaration de cas auprès de l’AMAG (ouverte à tous) ou auprès du RESPE (ouverte aux vétérinaires français) permet la collecte d’informations essentielles au suivi de la maladie mais aussi aux avancées scientifiques.

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