L’érable sycomore

Fortement toxique
Fortement toxique

L'érable sycomore

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Acer pseudoplatanus

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Aceraceae

Les érables sont des arbres communs dans les campagnes françaises, ainsi que dans les parcs et aménagements urbains. Trois espèces indigènes et une introduite d’Amérique du Nord sont très fréquentes en Europe :
  • L’érable sycomore, Acer pseudoplatanus, espèce indigène, toxique pour les équidés,
  • L’érable plane, Acer platanoides, espèce indigène, non toxique pour les équidés,
  • L’érable champêtre, Acer campestre, espèce indigène, non toxique pour les équidés,
  • L’érable negundo, Acer negundo, espèce invasive originaire d’Amérique du Nord, toxique pour les équidés.
L’ingestion des fruits et plantules d’érable sycomore est à l’origine de la myopathie atypique : maladie grave affectant les muscles respiratoires, posturaux et le myocarde, à l’issue souvent mortelle. L’intoxication est saisonnière, avec deux principales périodes à risque au pâturage : la levée des plantules au printemps et la chute des fruits (samares) à l’automne. Il est possible de limiter les risques tout en conservant les érables.
dose

Dose toxique

Elle varie d’un arbre à l’autre en fonction de la quantité de toxine présente dans les disamares de la croissance des plantules ainsi que de chaque cheval.

parties toxiques

Parties de la plante toxique

Toutes les parties sont toxiques, mais les intoxications résultent généralement de l’ingestion de disamares ou de jeunes plantules.

Arbre feuillu

Description de la plante

Hauteur de la plante

Hauteur de la plante

35-40 m

Tige de la plante

Tige / tronc

Écorce lisse et gris jaunâtre, puis gris rougeâtre et de plus en plus foncée sur les arbres âgés où elle se détache en s’écaillant en larges plaques

Suivant la taille, tronc haut et droit ou forme buissonnante

Racine de la plante

Racines

Feuille de la plante

Feuilles

Caduques, opposées, palmées avec 5 lobes pointus, à dents obtuses, séparées par des sinus aigus, à long pétiole, face supérieure glabre et vert sombre, face inférieure vert glauque avec des poils sur les nervures

Fleur de la plante

Fleurs

De fin-mars à mai

Vert jaune, quelques mm de diamètre, groupées en panicules tombantes, apparaissent avec les feuilles

Fruit de la plante

Fruits

Disamares, ailes formant un angle aigu, en grappe au début de l’été

Très légers, ils sont disséminés par le vent à plusieurs centaines de mètres

Acer pseudoplatanus - feuilles : 5 lobes à bords légèrement dentés et pointus à leur extrémité, avec des sinus aigus ©N Genoux
Acer pseudoplatanus - feuille ©N Genoux
Acer pseudoplatanus - Inflorescences terminales longues, fournies, en grappes pendantes, après les feuilles ©N Genoux
Acer pseudoplatanus - Inflorescences terminales longues, fournies, en grappes pendantes, après les feuilles
Acer pseudoplatanus - Inflorescences terminales longues, fournies, en grappes pendantes, après les feuilles ©N Genoux
Acer pseudoplatanus - Disamares : forment un angle aigu
Acer pseudoplatanus - Disamares : forment un angle aigu
Acer pseudoplatanus - Plantules
Acer campestre - feuilles : 5 lobes arrondis à bords lisses, avec des sinus aigus, elles sont de petite taille ©N Genoux
Acer campestre - inflorescence : bouquets dressés, en même temps que les feuilles ©N-Genoux
Acer campestre - Disamares : forment un angle plat ©N Genoux
Acer campestre - plantules
Acer negundo - feuille : composées de 3 à 7 folioles de forme ovale, irrégulièrement dentés, voire lobés ©P Bonnet
Acer negundo - Inflorescences terminales longues, fournies, en grappes pendantes, avant ou en même temps que les feuilles ©B Gacongne
Acer negundo - Disamares : forment un angle aigu ©M Portas
Acer platanoides - feuilles : 5 lobes à bords dentés et pointus à leur extrémité, avec des sinus obtus ©C Sutter
Acer platanoides - inflorescences : bouquets dressés, avant les feuilles ©A Larbouillat
Acer platanoides - Disamares : forment un angle obtus ©C Robin
Acer platanoides Plantules
frêne - Samares ©DeVos
Liquidambar - feuilles
Platane - feuilles ©Sten

Distribution

Arbres

Les érables sont des arbres très communs en France. Ils sont présents dans les campagnes (bocage, haies champêtres, prés, forêts, lisières de bois…) et en zone urbaine dans les parcs, jardins et en bordure de route. La présence d’érables ornementaux à proximité des pâtures doit également amener à une vigilance : enlever de la pâture les fleurs, plantules, disamares qui auraient pu y tomber/pousser.

3 espèces, en plus de l’érable sycomore, sont fréquemment rencontrées en Europe :

  • L’érable plane (Acer platanoides), espèce indigène, non toxique pour les équidés
  • L’érable champêtre (Acer campestre), espèce indigène, non toxique pour les équidés
  • L’érable negundo (Acer negundo), espèce invasive originaire d’Amérique du Nord, toxique pour les équidés

Ces érables se différencient de l’érable sycomore par leur feuilles, leurs inflorescences, leurs disamares et leurs plantules.

A noter :

Le frêne commun (Fraxinus excelsior), produit également des samares. Non toxique pour les équidés, il ne faut pas le confondre avec les érables. Il en est de même pour le platane (Platanus sp.) et le liquidambar (Liquidambar sp.) utilisés en aménagement paysager, dont les feuilles, ressemblant à celles des érables, ne sont pas toxiques pour les équidés.

Molécules toxiques pour les équidés

Fruit de la plante

Les plantules et graines des érables sycomore et negundo contiennent deux toxines : l’hypoglycine A (HGA) et la méthylène-cyclopropyle-glycine (MCPG). En cas d’ingestion par l’équidé, elles sont métabolisées en un composé toxique, le MCPA-CoA qui vient perturber le métabolisme énergétique des cellules musculaires, entrainant la destruction massive des muscles cardiaque, respiratoires et posturaux.

Circonstances d’intoxication

Fruit de la plante

La présence d’un ou plusieurs érables sycomore ou/et negundo dans/à proximité (bois, jardins, haies, bords de route…) des pâtures, expose les équidés qui y pâturent à ces sources toxiques lors de deux périodes à risque :

  • La levée des plantules au printemps
  • L’accumulation des feuilles mortes et surtout la chute des samares à l’automne

L’intoxication est saisonnière et des séries de cas printaniers (mars avril-mai, arrêt avant l’été) puis automnaux (octobre-novembre décembre) sont recensés chaque année.

D’après Votion et al. (2020), les jeunes chevaux inactifs, avec un score corporel qualifié de normal à mince et ne recevant pas d’alimentation supplémentaire au pâturage, excepté du foin en automne, seraient statistiquement plus à risque.

Le risque d’intoxication est également associé au pâturage permanent et à un environnement humide.

Symptômes d’intoxication

Fruit de la plante

L’intoxication par les disamares et les plantules peut évoluer rapidement, en 48 à 72 heures, avec la mort de l’équidé après l’apparition des premiers signes cliniques. Ces derniers apparaissent de manière soudaine :

  • urines foncées (myoglobinurie)
  • faiblesse généralisée, raideur, difficultés à se déplacer, fasciculations musculaires
  • appétit exacerbé, coliques, dysphagie avec jetage alimentaire
  • dyspnée, arythmie cardiaque

Mesures de prévention

Fruit de la plante

Les moyens pour limiter les risques d’intoxication consistent en une vigilance accrue lors des périodes à risque (printemps et automne) et la mise en place de mesures pour limiter l’accès des chevaux aux sources toxiques :

  • Gestion des prairies pâturées : en cas de proximité directe d’érables, interdire l’accès à certaines zones de la parcelle, éviter le pâturage permanent, éviter les prairies humides (yc après de fortes pluies). En cas de vents forts à l’automne : identifier les zones de la pâture contaminées et retirer les samares si possible. Sinon (samares trop abondantes et/ou trop largement dispersées) interdire l’accès aux zones contaminées. éviter l’épandage de fumier et/ou le hersage sur les prés contenant ou bordés par des érables sycomores.

  • Gestion des prairies de fauche : éviter la fenaison sur les prairies à risque, au printemps comme en fin d’été. Si proximité d’érables sycomores dans les alentours : faire un tour des parcelles avant fenaison, choisir la bonne fenêtre météo (botteler avant des vents violents pour éviter que des samares se retrouvent dans le foin), éviter l’épandage de fumier sur les pâtures contenant ou bordées par des érables sycomores.

  • Pour les chevaux séjournant sur des pâtures à risque : prévoir un temps de pâture <6 h/jour durant les périodes à risque et selon les conditions météo (période pluvieuse au printemps, vents violents après sécheresse à l’automne…), supplémenter avec des fourrages en veillant à ne pas les distribuer à même le sol, ni sous ou à proximité d’érables sycomores, fournir de l’eau issue du réseau de distribution et vérifier régulièrement la propreté (absence de fleurs, feuilles, samares…) des points d’abreuvement, la toxine pouvant percoler dans l’eau, fournir des vitamines et laisser en permanence un bloc de sel à disposition.

Auteurs : Christel Marcillaud Pitel RESPE, Dominque Votion Université de Liège, Gilbert Gault RESPE / CNITV, Nelly Genoux IFCE

Références bibliographiques : Bruneton J (2005 et 2009), Cornevin Ch (1887), McKenzie R (2012)

Date de la version : 29/07/2024

APPLIWEB TOXIPL@NT

toxiplant logo

L’appliweb ToxiPl@nt permet aux détenteurs d’identifier des végétaux représentant un risque d’intoxication pour leur(s) équidé(s) et de prendre ainsi des mesures de prévention pour limiter les risques d’intoxication.

Ces végétaux peuvent être présents naturellement dans l’environnement de vos chevaux, rencontrés lors d’une sortie, ou plantés à des fins ornementales. Il est donc important de réussir à les identifier afin de limiter les risques d’intoxication pour vos équidés.

En combinant les connaissances du RESPE aux informations de la base de données Pl@ntNet, l’application identifie, grâce à la reconnaissance d’image(s), une plante à partir de votre/vos photo(s), et vous fournit le niveau de toxicité de celle-ci.

ToxiPL@NT