Artérite virale équine : Point de vue « laboratoire » – bulletin n°17

Guillaume FORTIER (1) et Stéphan ZIENTARA (2)

L’artérite virale des équidés est une maladie transmissible par voie génitale ou respiratoire dont le principal risque pour l’élevage peut se résumer de la façon suivante : l’apparition sur le territoire Français d’une souche hautement pathogène et abortive.

Il faut noter que ce phénomène peut se produire soit par l’arrivée d’un cheval porteur et excréteur, soit par évolution génomique de souches circulantes à l’heure actuelle.

Ces hypothèses viennent sans aucun doute apporter une justification très sérieuse aux protocoles mis en place depuis plusieurs saisons de monte et plus récemment dans certains stud book.

A ce jour, les analyses sérologiques pratiquées essentiellement sur les chevaux de race Pur-sang montrent une séroprévalence de l’ordre de 10% avec une évolution modérée chaque année imputable au fait que la séropositivité d’un cheval exposé dure très longtemps, parfois même toute la vie du cheval.

Les quelques 650 avortons testés au LDFD depuis 2 ans nous ont à ce jour  permis de mettre en évidence un cas avéré d’avortement (2004) lié à ce virus, dont le génotypage a montré une parenté très proche avec les souches dites « standards » circulant en France pour le moment. Il faut signaler que l’élevage concerné n’avait pas eu à déplorer d’autres cas de ce type lors de la saison de poulinage.

La recherche de ce virus lors d’avortement (toutes races confondues) demeure plus que jamais conseillée même si la rhinopneumonie représente à elle seule près de 10% des causes infectieuses.

Depuis 5 ans, lors de cinétiques d’anticorps ou de sérologies isolées à la suite d’avortements, maladies virales respiratoires, syndromes grippaux, il nous est possible de suspecter l’artérite virale dans une vingtaine de cas annuels, l’isolement du virus étant souvent rendu impossible par les conditions de prélèvement ou le moment d’intervention trop tardif du praticien suite à l’appel de son client. Ce virus est donc aussi un bon candidat au diagnostic différentiel des affections respiratoires, surtout lorsque les signes cliniques sont modérés.

Nous menons en collaboration avec l’AFSSA Lerpaz et le Gluck Equine Research Center du Kentucky, une étude génétique sur les souches isolées en France depuis 5 ans qui,commence à livrer quelques informations et qui semble confirmer deux hypothèses ;

– Les souches circulants en France sont de types Européen et Américain (séquençage d’un fragment variable du génome situé sur une protéine de surface du virus, exposée au système immunitaire)

– Un même cheval porteur excréteur héberge une souche de virus qui évolue au cours du temps.

Dans ce contexte et compte tenu du fait que l’ Arrété fixant les modalités de déclaration des maladies à déclaration obligatoire (visées à l’article D. 223-1 du code rural) prévoit la déclaration de cette maladie suite à l’isolement en culture du virus sur la semence ou la mise en évidence de ce virus par amplification génique (PCR), il nous semble fortement recommandé d’effectuer ces recherches dans le sperme selon les deux méthodes.

Dans un travail publié dans Theriogenology en 2001, nous avions montré notamment que le virus de l’AVE ne pouvait plus être retrouvé dans la semence par culture après 48h de transport.

(1) LDFD
(2) Afssa

Egalement dans ce bulletin