Bilan des causes d’avortement chez la jument à partir d’une population de foetus autopsiés au LERPE – bulletin n°25
Jackie TAPPREST (1)
L’avortement demeure une cause majeure de perte économique pour la filière équine avec une fréquence estimée à 8-19% selon les auteurs et les populations de chevaux étudiées.
A partir des 1145 foetus autopsiés au LERPE (Laboratoire d’Etudes et de Recherches en Pathologie Equine) de 1986 à 2002, un bilan des principales causes d’avortement avait été réalisé en 2003 (étude réalisée avec le soutien des Haras Nationaux et en collaboration avec le Laboratoire Départemental Frank Duncombe). Plus de 90% des avortons étaient originaires de Basse-Normandie. Les résultats de cette étude ne sont donc à considérer que comme représentatifs de cette région.
Nous présentons de nouveau ces éléments dans ce bulletin RESPE afin de diffuser plus largement ces résultats, notamment à l’occasion de la mise en place du sous-réseau « avortement ». Par ailleurs, suite à l’épizootie d’Artérite Virale Equine de l’été 2007 (avec des cas d’avortements et de mortinatalité), il nous a paru opportun d’actualiser ces résultats en tenant compte des 82 foetus d’origine bas-normande autopsiés au LERPE du 1er septembre 2007 au 31 mai 2008.
I. Résultats du bilan réalisé en 2003 (période 1986 à 2002)
Répartition selon l’étiologie
La cause de l’avortement a pu être déterminée dans 75% des cas. Les étiologies infectieuses étaient prédominantes : 52% des cas. 23% des avortements étaient d’origine non infectieuse.
Etiologies infectieuses
Lors d’avortement d’origine infectieuse, les agents les plus fréquemment mis en évidence ont été les bactéries, suivies par l’herpès virus équin de type 1 (EHV1). En revanche les avortements d’origine mycosique étaient peu nombreux.
L’herpès virus de type 1 a été la première cause d’avortement viral (82 cas). La prévalence des avortements dus à EHV1 a été variable d’une année à l’autre. Elle dépendait de l’apparition d’épizootie dans certains élevages.
L’herpès virus de type 4 était une cause très sporadique d’avortements (3 cas).
Le virus de l’artérite virale n’a pas été identifié au cours de cette étude.
Etiologies non infectieuses
Parmi les avortements d’origine non infectieuse, les torsions du cordon ombilical représentaient l’étiologie la plus fréquente (55% des avortements non infectieux). Les hypoplasies des villosités représentaient la 2ème cause (22,5%). Venaient ensuite les malformations congénitales létales qui pouvaient affecter le squelette, le tube digestif, le coeur, les poumons et le système nerveux central. Les causes d’insuffisance placentaire autres que l’hypoplasie des villosités (gémellité, hydropisie des enveloppes, gestation dans le corps placentaire et décollement placentaire) étaient peu fréquentes.
II. Comparaison des résultats du 1er septembre 2007 au 31 mai 2008 avec le bilan 1986-2002
82 foetus ont été autopsiés du 1er septembre 2007 au 31 mai 2008.
La répartition selon l’étiologie est sensiblement identique avec une majorité d’avortements d’origine infectieuse (70% des cas). De même, parmi ces origines infectieuses, les agents bactériens sont largement dominants malgré une répartition différente des espèces bactériennes.
La fréquence des avortements à EHV1 parmi les causes infectieuses sur la période du 1er septembre 2007 au 31 mai 2008 (18%) n’est légèrement supérieure pas significativement différente de la fréquence observée de 1986 à 2002 (14%).
Lors de l’épizootie d’artérite virale équine de l’été 2007, un foetus issu d’un avortement dû au virus de l’AVE a été autopsié à l’Afssa-Dozulé.
Sur la période du 1er septembre 2007 au 31 mai 2008, aucun avortement dû au virus de l’AVE n’a été identifié.
Parmi les causes non infectieuses d’avortement, la torsion du cordon ombilical reste l’étiologie dominante.
Ainsi, la comparaison des 2 bilans montre une certaine constance des causes majeures d’avortement.
III. Bilan des demandes de recherche de causes virales d’avortement sur la période du 1er septembre 2007 au 31 mai 2008
Les foetus autopsiés à l’Afssa-Dozulé ont fait l’objet d’une demande de recherche de l’herpès virus de type 1 dans 88% des cas, et d’une demande de recherche du virus de l’Artérite Virale Equine dans 67% des cas. Les analyses ont été réalisées par PCR au Laboratoire Départemental Frank Duncombe.
La recherche d’EHV1 s’est révélée positive dans 14% des cas.
La recherche de virus de l’AVE s’est révélée négative dans 100% des cas. Ce dernier résultat semble encourageant mais la vigilance relative au développement de nouvelles épizooties d’AVE reste de mise.
(1) Afssa