Par Charlène DAIX (1)
Pour rappel, 2014 a vu l’apparition de 3 nouveaux sous-réseaux mis à disposition des VS et des professionnels. Cet article dresse le bilan des sous-réseaux un à un en comparaison aux chiffres des années précédentes si cela est possible.
Contrairement aux tendances des années précédentes, le nombre de déclarations des VS semble, en 2014, se stabiliser d’un sous-réseau à l’autre. En effet, comme le montre la figure 1, il semble que l’année achevée ressemble 2013.
Figure 1 : Evolution du nombre de déclarations par sous-réseaux de 2008 à 2014.
Sous-réseau Maladie Virale Respiratoire Aigue
Le sous-réseau MVA totalise le plus grand nombre de déclarations comme à l’habitude. En comparaison des totaux 2012 et 2013, il enregistre une certaine stabilité. En effet, l’an passé, 222 déclarations ont été effectuées par les VS pour un total de 210 en 2014. Cette légère diminution du nombre de déclarations n’engendre pas de différence entre 2013 et 2014 sur le pourcentage de chevaux revenant négatifs aux analyses incluses dans le protocole (87% les deux années).
Cette année, 6 cas de grippe ont été mis en évidence dans 3 foyers distincts, 2 cas de HVE 1 dans 2 foyers différents et enfin 20 cas d’HVE 4 dans 17 foyers indépendants.
NB : Dans chacun des foyers, le nombre de chevaux malades est plus élevé que le nombre de chevaux prélevés et confirmés par le laboratoire. En effet, les VS ne peuvent déclarer que 4 chevaux maximum par foyer dans le cadre de la prise en charge par le RESPE. Or d’autres chevaux dans le foyer peuvent aussi présenter les mêmes symptômes. Majoritairement, les VS ne déclarent qu’un cas par foyer compte tenu du coût des analyses. Avec les informations épidémiologiques déclarées par les VS sur les effectifs, les nombre de chevaux malades par foyer est donc plus important :
– Dans les 3 foyers de grippe, 25 chevaux ont présenté des symptômes pour 6 cas confirmés et sur 180 chevaux présents, soit 7,2% de chevaux pour ces foyers ;
– Pour les 2 foyers d’HVE 1, 14 équidés au total ont présenté des signes cliniques pour 2 cas confirmés sur 69 équidés présents, soit 20,3% des chevaux;
– Enfin, dans les 17 foyers d’HVE 4, 39 chevaux ont présenté des signes cliniques pour 20 confirmations par analyses sur 543 équidés stationnés au sein de ces foyers, soit 7,2% des chevaux.
Les foyers de grippe étaient localisés dans l’Ain (01), en Maine-et-Loire (49) ainsi qu’en Seine-et-Marne (77). Concernant les foyers d’HVE 1, il s’agissait des départements du Calvados (14) et Seine-et-Marne (77). Enfin pour les foyers d’HVE 4, ils se trouvaient dans les départements suivants : 5 foyers dans le Calvados (14), 1 foyer en Haute-Garonne (31), 2 foyers en Isère (38), 3 foyers en Loire-Atlantique (44), 1 foyer dans le Loiret (45), 2 foyers en Mayenne (53), 1 foyer dans l’Orne (61) et 1 foyer dans la Sarthe (72).
Figure 2 : Répartition des déclarations MVA en fonction du diagnostic.
Compte tenu du grand nombre de chevaux symptomatiques revenant négatifs, une étude est en cours sur l’exploration des nouveaux pathogènes respiratoires responsables de l’expression de signes cliniques respiratoires chez les équidés. Sur une période de 2 ans, les échantillons reçus dans le cadre du RESPE vont être analysés par PCR en collaboration avec le LABEO Frank Duncombe afin de déterminer la prévalence des agents pathogènes responsables et ainsi donner la possibilité au protocole du sous-réseau MVA d’évoluer début 2016.
Sous-réseau Gourme
En comparaison à 2013, le nombre de déclarations 2014 est similaire (84 pour 2013 vs. 81 pour 2014). Le sous-réseau a permis de mettre en évidence 27 cas de gourme dans 24 foyers différents. Par rapport à l’an passé, le pourcentage de positifs (le taux de prévalence) est plus élevé : 18% en 2013 pour 33% en 2014.
Comme pour le MVA, le nombre d’équidés confirmés positifs pour la gourme est moins élevé que le nombre d’équidés présentant des symptômes au sein des foyers. A partir des informations contenues dans les déclarations des VS, 94 chevaux ont en fait présentés des signes évocateurs de la maladie pour seulement 27 cas confirmés par analyse et ce, sur 968 chevaux stationnés dans les foyers, soit 9,7% d’équidés atteints dans les 24 foyers.
Les cas étaient répartis dans les départements suivants : 1 foyer dans l’Aude (11), 1 foyer dans le Drôme (26), 3 foyers dans l’Hérault (34), 3 foyers en Ille-et-Vilaine (35), 2 foyers en Indre-et-Loire (37), 1 foyer dans l’Isère (38), 4 foyers en Loire Atlantique (44), 1 foyer dans le Lot (46), 1 foyer dans le Lot-et-Garonne (47), 1 foyer dans le Maine-et-Loire (49), 1 foyer dans la Manche (50), 1 foyer dans le Tarn (81), 1 foyer dans le Tarn-et-Garonne (82), 1 foyer dans les Vosges (88), 2 foyers dans l’Essonne (91) et 2 foyers dans le Val-de-Marne (94).
Figure 3 : Répartition des déclarations Gourme en fonction du diagnostic.
Sous-réseau Avortement
Pour le sous-réseau Avortement, comme en 2013, une légère diminution (environ 6%) du nombre d’avortement déclarés est constatée : 147 en 2013 pour 132 en 2014.
En revanche, la fréquence des avortements à HVE 1 est inférieure en 2014 (8% en 2013 vs. 5%). La figure 4 illustre la répartition des déclarations en fonction du diagnostic. Ces cas étaient localisés dans les départements suivants : 2 foyers dans le Calvados (14), 1 foyer dans le Morbihan (56), 2 foyers dans l’Orne (61), 1 foyer dans le Bas-Rhin (67) et 1 foyer en Seine-et-Marne (77).
Figure 4 : Répartition des déclarations Avortement en fonction du diagnostic.
Là aussi, pour permettre de réduire le nombre de déclarations revenant négatives, une étude est actuellement menée sur l’implication d’autres pathogènes infectieux dans les avortements chez la jument. Sur une période de 2 ans, les échantillons reçus dans le cadre du RESPE seront analysés par PCR, en collaboration avec le LABEO Frank Duncombe afin de déterminer la prévalence d’autres pathogènes pouvant être impliqués dans les avortements. Selon les résultats de cette étude, le protocole du sous-réseau Avortement devrait évoluer pour début 2016.
Sous-réseau Syndrome Neurologique
Contrairement aux années précédentes où le nombre de déclarations était constant, le sous-réseau Syndrome Neurologique enregistre une forte diminution, quasiment 50%, entre 2013 et 2014 (72 vs. 49). Cette baisse observée pourrait résulter du fait qu’en 2013, un épisode de forte déclaration a été mis en évidence durant l’été en comparaison d’autres années plus « calmes».
La répartition des cas déclarés en fonction du diagnostic en 2014 (figure 5), est différente de celle de 2013. En effet, l’an passé, près d’1/4 des déclarations ont abouti à la mise en évidence d’HVE 1 ou consensuel dans les prélèvements. Or, en 2014, seulement 14% des déclarations ont abouti à la mise en évidence de ces virus.
Les trois cas de myéloencéphalite à HVE 1 diagnostiqués concernaient des foyers isolés et bien maîtrisés dans le Bas-Rhin (67), en Seine-et-Marne (77) et en Vendée (85). Concernant l’HVE consensuel, seulement 4 cas ont été mis en évidence, localisés dans les départements suivants : Ain (01), Pyrénées Orientales (66), Vendée (85) et Essonne (91). Aucun cas de fièvre du West Nile n’a été mis en évidence malgré des saisons favorables à l’activité vectorielle.
Figure 5 : Répartition des déclarations Syndrome Neurologique en fonction du diagnostic.
Sous-réseau Myopathie Atypique
Le sous-réseau a enregistré cette année 58 suspicions de Myopathie Atypique. Parmi ces déclarations, 31% ont fait l’objet d’un prélèvement de muscle pour confirmation par histologie. Sur ces 18 déclarations avec prélèvement et analyse, 44% sont revenus confirmées ou hautement compatibles avec le diagnostic de la Myopathie Atypique.
Les cas remontés au RESPE par les VS sont localisés dans les départements suivants : 1 cas dans l’Ain (01), 5 cas dans le Calvados (14), 2 cas en Corrèze (19), 2 cas dans les Côtes d’Armor (22), 1 cas en Dordogne (24), 1 cas dans l’Eure (27), 2 cas en Eure-et-Loir (28), 1 cas dans le Finistère (29), 1 cas dans le Gers (32), 1 cas dans l’Hérault (34), 1 cas dans le Lot (46), 2 cas dans le Maine-et-Loire (49), 5 cas dans la Manche (50), 1 cas dans la Marne (51), 1 cas en Meurthe-et-Moselle (54), 1 cas dans le Nord (59), 9 cas dans l’Oise (60), 4 cas dans l’Orne (61), 2 cas dans le Pas-de-Calais (62), 2 cas dans le Puy-de-Dôme (63), 1 cas dans les Pyrénées Atlantiques (64), 1 cas dans le Bas-Rhin (67), 1 cas en Saône-et-Loire (71), 3 cas en Seine Maritime (76), 1 cas en Seine-et-Marne (77), 2 cas dans les Yvelines (78), 1 cas dans les Deux-Sèvres (79) et 1 cas à La Réunion (974).
Sous-réseau Anomalies Génétiques
Mis en place en septembre 2013, en partenariat avec l’Observatoire des Anomalies Equines de l’IFCE, le sous-réseau Anomalies Génétiques du RESPE est un soutien pour la remontée d’informations sur des cas et des situations anormales hors maladies infectieuses.
En 2014, 3 déclarations ont été enregistrées par le RESPE dont une concernait une jument et son poulain. Ces cas se situaient dans les départements de l’Ouest de la France : 1 cas dans le Calvados (14), 1 cas en Ille-et-Vilaine (35) et 2 cas (jument et poulain) dans l’Orne (61).
Compte tenu du faible taux de déclaration pour ce sous-réseau en 2014, nous invitons les VS à déclarer les cas suspects d’anomalies génétiques, fonctionnelles ou tout autre dysfonctionnement.
Sous-réseau Syndrome « Piro-Like »
La première année complète de fonctionnement du sous-réseau Syndrome « Piro-Like » est couronnée de succès : en effet, ce dernier totalise 168 déclarations en 2014, ce qui le place en 2nde position des sous-réseaux les plus déclarants (entre le MVA et l’avortement).
Cette année, le bilan des analyses effectuées donne les résultats suivants (cf. figure 6) :
– 13 cas d’infection à Babesia caballi soit 8% des équidés déclarés;
– 35 cas d’infection à Theileria equi soit 21% des équidés déclarés ;
– 5 cas de co-infection à Babesia caballi et Theileria equi (3%) soit un total de 53 cas de Piroplasmose équivalent à 32% de positif sur l’ensemble des déclarations (pathogène unique et co-infection confondus) ;
– 3 cas d’Anaplasma phagocytophilum ;
– aucun cas d’AIE chez les équidés déclarés.
Figure 6 : Répartition des déclarations Syndrome « Piro-Like » en fonction du diagnostic.
Les cas confirmés de piroplasmose se situaient dans les départements suivants : 5 cas dans l’Aude (11), 3 cas dans l’Aveyron (12), 1 cas en Côte-d’Or (21), 1 cas dans les Côtes d’Armor (22), 2 cas dans le Gard (30), 3 cas en Haute-Garonne (31), 1 cas en Gironde (33), 22 cas dans l’Hérault (34), 1 cas en Indre-et-Loire (37), 1 cas dans les Landes (40), 5 cas en Loire-Atlantique (44), 1 cas en Hautes Pyrénées (65), 1 cas dans les Yvelines (78), 1 cas dans le Tarn (81), 1 cas dans le Var (83) et 4 cas en Haute Vienne (87).
Concernant l’anaplasmose, les cas étaient localisés dans l’Aveyron (12), dans la Loire (42) et dans les Deux-Sèvres (79).
Sous-réseau Diarrhées du Poulain
La surveillance des causes de diarrhées du poulain a été timide pour cette première année de fonctionnement. En effet, en 1 an, seulement 4 déclarations ont été effectuées, entre fin avril et mi-juin et concernaient les départements suivants : le Calvados(14), le Maine-et-Loire (49), le Tarn (81) et en Haute-Vienne (87). Dans chacun des cas, la présence d’E. Coli non hémolytique a été mise en évidence par technique bactériologique.
Les différents acteurs du RESPE semblent en faveur d’une explication simple sur ce manque de déclaration: l’année 2014 n’était pas une « année à diarrhée ». Ce ressenti, remonté par le terrain, s’associe également à une difficulté rencontrée au sujet du type prélèvement retenu dans le protocole. En effet, il n’est pas toujours évident pour le VS de récupérer des fèces compte tenu de leurs consistances. Le prélèvement par écouvillon sera ajouté dans le protocole pour tenter de répondre à cette problématique et peut être suscité des déclarations plus nombreuses.
En conclusion, la fréquence des déclarations et des cas positifs témoignent d’une année 2014 sanitairement plus active que 2013. L’absence de crise sanitaire majeure ne signifie pas que les équidés ne sont pas malades, seulement que durant cette année, les épisodes contagieux enregistrés par le RESPE ont peut-être pu être évitées et que les situations à risque ont pu être maîtrisées dans des délais permettant d’éviter les complications sur le terrain.
En soutien aux VS et aux professionnels de terrain, le RESPE a été amené à assurer la gestion et le suivi de certains foyers infectieux à HVE 1, HVE 4 ou de Grippe afin d’identifier les foyers à risque et les éventuels liens épidémiologiques entre eux, et préconiser des mesures sanitaires afin de limiter la diffusion des agents infectieux.
En parallèle, le réseau a relevé sur 2014 un certain nombre de foyers de maladies aux conséquences pouvant être importantes, n’a pas été déclaré par les VS ou les socioprofessionnels. L’absence d’épizooties majeures conduit-il à un relâchement de la vigilance / sensibilisation de l’ensemble de la filière ? En tous les cas, le RESPE se montrera attentif à ce phénomène sur 2015 et renforcera sa communication auprès les VS sur 2015.
(1) RESPE