Bulletin du RESPE n° 16

Edito : L’anémie infectieuse : une vieille maladie méconnue et trop souvent oubliée

Jean-Luc CADORE (1)

Décrite  par Lignée en 1843, associée à la présence d’un agent microbien en 1904 par Carré et Vallée , cette maladie est l’archétype des maladies lentivirales dont fait partie le sida de l’homme. Véritable fléau pendant toute la première partie du XXème siècle, son éradication presque complète est due à l’introduction du dépistage sérologique autorisé par le test de Coggins dans le début des années 70 et à la rigueur des mesures préconisées en cas de positivité.

Depuis différents foyers ont été identifiés en France (moins de 2OO cas d’infection au cours de ces 25 dernières années) ; le plus récent a fait l’objet d’une synthèse épidémiologique et clinique de cette maladie par Zientara et coll.

Les points importants qu’il faut retenir :

 Contexte épidémiologique et clinique : il n’est jamais facile de déterminer la cause précise de l’émergence d’un foyer ; l’introduction d’animaux de statut inconnu, les mauvaises pratiques médicales (non respect de l’utilisation de matériel à usage unique au sein des effectifs) et le manque d’information sur les antécédents de nombre d’équidés sont des facteurs souvent retrouvés dans les enquêtes menées au sein d’un foyer. Par ailleurs il faut retenir que l’âne est sensible à l’infection mais ne développe pas la maladie. Le virus est transmis mécaniquement  par les tabanidés ou par tout acte iatrogénique.

– Contexte sanitaire et réglementaire : Maladie réputée légalement contagieuse et vice rédhibitoire, la réalisation d’un dépistage de l’infection devrait être systématique lors de toute transaction commerciale et être au moins conseillée par le vétérinaire. Un animal séropositif, doit être abattu ; le délai d’exécution peut être différé.

– Contexte psychologique : Il est souvent difficile, faute de connaissance de cette maladie par les professionnels du cheval, de faire admettre toutes les mesures qui sont prises et souvent dans une certaine urgence.

Ainsi, compte tenu de l’importance que la découverte d’un test de Coggins positif peut prendre dans bien des registres, il est temps de réaliser un dépistage plus systématique lors de  transactions commerciales et aussi dans tous les cas d’anémie, de thrombopénie ou de baisse de forme et/ou de performance afin de contribuer à une éradication encore plus complète que celle obtenue depuis maintenant une trentaine d’année.

Sur un plan plus fondamental, des travaux de recherche sont actuellement réalisés sur l’épidémiologie moléculaire des souches isolées et sur les possibilités de vaccination.

Lectures complémentaires :

BENDALI-AHCENE S., MONIER J.C., FONTAINE M., GREENLAND T., CADORÉ J.L.,1995. Flow cytometric analysis of blood lymphocyte phenotypes in horses infected with the Equine Infectious Anemia Virus. J Equine Vet Sci, 15:360-4.

DAUPHIN G., CORDONNIER N., ZIENTARA S., 2005. Actualités sur l’anémie infectieuse. Nouveau Prat, 5 :61-2.

DAUPHIN G., CORDONNIER N., BERNIER-PIERSON L., PITEL P.H., ZIENTARA S., MARTY C., 2005. Un cas d’anémie infectieuse chez le cheval. Nouveau Prat, 6 :63-7.

LEROUX C., CADORÉ J.L., MONTELARO R.C., 2004. Equine infectious anemia virus (EIAV) : what has HIV’s country cousin got to tell us ? Vet Res, 35 :485-512.

LEROUX C., MONTELARO R.C., SUBLIME E., CADORÉ J.L., 2005. EIAV (Equine Infectious Anemia Virus) : mieux comprendre la pathogénèse des infections lentivirales. Virology, in press.

(1) ENVL

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