Bulletin du RESPE n° 20
Edito : La France et la Belgique : principales victimes de la myopathie atypique du cheval au pré
Dominique-Marie VOTION (1)
L’actualité vétérinaire de cet automne 2006 aura été marquée par la réapparition d’une nouvelle série de cas de myopathie atypique (encore appelée myoglobinurie atypique du cheval au pré) dans plusieurs pays d’Europe. Quatre ans après l’identification des premiers cas français, la myopathie atypique s’est à nouveau manifestée en France avec une vingtaine de cas rapportés. En Belgique, c’est plus de quarante cas qui ont été recensés au cours de l’arrière-saison. Cet automne, le nombre total de cas européens rapportés s’élève in fine à 80 dont la majorité est décédée.
Reconnue comme un syndrome spécifique pour la première fois en 1984 en Grande Bretagne, la myopathie atypique a depuis été signalée dans une dizaine de pays européens ainsi qu’aux Etats-Unis. Depuis l’automne 2000, c’est plus de 500 cas compatibles avec le diagnostic de myopathie atypique qui ont été recensés à travers l’Europe par la Faculté de Médecine vétérinaire de l’Université de Liège (Belgique). Ce chiffre sous-estime, sans nul doute, le nombre réel des cas de myopathie atypique dans une Europe où quantité de chevaux ne sont pas encore identifiés et où les mortalités d’équidés ne sont pas forcément consignées dans un registre officiel.
Le caractère émergent de la myopathie atypique et sa distribution élargie ne traduisent pas forcément une contagiosité de la maladie. Deux facteurs concourent probablement à cette distribution plus large de la myopathie atypique au sein de l’Europe au cours du temps : des changements environnementaux induisant des conditions propices au développement de l’agent étiologique et une reconnaissance de la maladie par les vétérinaires de terrain notamment grâce à la diffusion des caractéristiques cliniques et épidémiologiques du syndrome via le « Groupe d’Alerte de la Myopathie Atypique » (i.e. GAMA ou AMAG pour « Atypical Myopathy Alert Group », en anglais). Ce groupe informel est constitué de tous les acteurs de terrain et institutions désireux de collecter et de diffuser l’information relative à la myopathie atypique.
La collecte des données cliniques et épidémiologiques est essentielle pour préciser les caractéristiques cliniques d’un syndrome mal connu ainsi que pour tenter d’identifier les facteurs de risques de la myopathie atypique. La diffusion de l’information permet aux vétérinaires de terrain de disposer des outils nécessaires à l’identification et à la gestion des cas. Elle vise également à prévenir rapidement le secteur équin de la survenue de tout nouveau foyer de myopathie atypique. Pour être une voie rapide et efficace d’alerte de la myopathie atypique, ce groupe repose nécessairement sur la collaboration des vétérinaires équins qui a toujours été excellente dans le cas particulier de la myopathie atypique. La nécessité de déclarer rapidement les cas de myopathie atypique résulte du caractère épizootique de la maladie et de son caractère saisonnier. Quoiqu’il n’y ait aucune évidence pour considérer la myopathie atypique comme une maladie contagieuse, lorsque celle-ci se déclare, elle se manifeste dans plusieurs pays en même temps. Cette temporalité concomitante trouve probablement son origine dans des facteurs environnementaux rencontrés dans les différentes régions affectées simultanément. Une alerte largement diffusée via un réseau efficient permet aux propriétaires de chevaux de se prémunir face à une menace de myopathie atypique.
Il est de la volonté du RESPE et du Centre Européen du Cheval de Mont-le-Soie (Centre de recherche de l’Université de Liège, en Belgique) de collaborer sur la problématique de la myopathie atypique afin de contrer au mieux cette tragique maladie.
(1) « Atypical Myopathy Alert Group; AMAG » Université de Liège