Bulletin du RESPE n° 27
Edito
Pascal HENDRIKX (1)
Il y a quinze ans, la surveillance épidémiologique était une mode. Aujourd’hui, elle est devenue une nécessité. L’évaluation des actions de lutte, la détection précoce des phénomènes émergents, la hiérarchisation de maladies ou la décision sur les méthodes de lutte à employer doivent être fondées sur des données de surveillance fiables et reconnues comme telles.
Les maladies des équidés n’échappent pas à cette obligation et c’est bien cette nécessité qui donne au RESPE toute sa justification et la place au centre de l’attention de tous les acteurs et partenaires de la filière équine en France, qu’ils soient professionnels ou acteurs publics.
Mais cet enjeu est également une responsabilité. Répondre aux objectifs de description des dominantes pathologiques, être en mesure d’alerter de manière précoce de l’apparition d’une maladie nouvelle oblige, d’une part, à mettre en oeuvre des procédures pertinentes sur des populations suffisamment représentatives ou correctement ciblées par rapport à un risque identifié et, d’autre part, à apporter la démonstration que les résultats produits sont fiables et correctement évalués.
Le premier enjeu pour le réseau est donc que ses vétérinaires sentinelles déclarent régulièrement les suspicions mises en évidence au cours des visites. Le nombre et la qualité des informations collectées resteront le premier indicateur du dynamisme du RESPE. Pour ce faire, la simplification des procédures de collecte et de transmission des données est un objectif important d’évolution du réseau. Par ailleurs, il demeure essentiel que les vétérinaires sentinelles renseignent avec soin l’ensemble des informations cliniques et épidémiologiques lors de la collecte des données.
D’autre part, la mise en oeuvre de méthodes d’évaluation des procédures de surveillance ainsi que le développement d’indicateurs de performance sont des outils à même d’apporter des solutions dans les domaines de la vérification et de l’amélioration continue de la qualité des données produites par la surveillance épidémiologique.
Le RESPE a connu depuis deux ans des modifications profondes de son organisation (telles que le changement de ses statuts), a étendu le champ de sa surveillance (mise en place de nouveaux sous réseaux, orientation vers la refonte de son système d’information) et a même étendu le champ de ses activités (mise en place d’un collège sanitaire qui ne relève plus à proprement parler du champ de la surveillance épidémiologique). On ne manquera donc pas de constater que de « réseau », le RESPE est devenu « association » dont les objectifs dépassent largement ceux de la surveillance ce qui pourrait même, en toute rigueur, conduire à une remise en question de son appellation.
Sans remettre en question la légitimité de toutes ces évolutions, il apparaît aujourd’hui évident que, dans le strict domaine de la surveillance épidémiologique, le réseau devra se soumettre à une évaluation globale, notamment pour assister ses animateurs et partenaires scientifiques dans la voie de l’harmonisation des procédures de ses différents sous réseaux. Il tirerait par ailleurs certainement bénéfice du développement d’indicateurs de performance.
Même si le terme peut apparaître effrayant, il ne faut pas voir dans les indicateurs de performance un outil de contrainte servant à un jugement « froid » et externe des résultats produits par le réseau. Comme l’article de ce bulletin consacré au principe des indicateurs de performance cherche à le démontrer, ils doivent au contraire être conçus comme un outil à l’usage du réseau pour lui permettre de suivre et piloter son propre fonctionnement afin de prévenir les dérives et surtout contribuer à une amélioration continue de sa performance.
Plus que jamais, le champ des activités à conduire par le RESPE est grand ouvert, ce qui ne va pas tendre à diminuer le volume des dossiers sur la table de son conseil scientifique et technique, mais tel est l’enjeu (et le charme) des organisations dynamiques !