Bulletin du RESPE n° 28
Edito
François VALON (1)
Les épizooties observées ces dernières années sur le territoire national (AVE/Grippe) et les informations épidémiologiques récentes concernant les maladies vectorielles en Europe et en France (West Nile/Anémie infectieuse) démontrent l’importance que présentent pour les professionnels de la filière équine les dispositifs de surveillance épidémiologiques. Les systèmes mis en place doivent être fiables et capables de suivre l’incidence des maladies infectieuses d’année en année. Ils doivent détecter l’occurrence de pics d’infections signant une élévation du risque pour la santé publique ou pour la population équine et identifier précocement l’émergence d’une nouvelle maladie.
Le RESPE, depuis son origine, est fondé sur un système spécifique de surveillance syndromique passive grâce à ses sous réseaux (SRA, Nerveux, Avortement, Myopathie Atypique). En tant que réseau d’épidémiosurveillance, il permet de fournir une alerte précoce des risques d’épizootie.
Depuis 2008, il participe à la mise en œuvre de mesures de gestion puis de contrôle des maladies surveillées. La constitution de la cellule de coordination sanitaire ou « cellule de crise » complète ce dispositif.
Le couple praticien / propriétaire au cœur de l’efficacité du réseau…
Le couple praticien / propriétaire-détenteur du cheval constitue le plus souvent le premier maillon de la chaine qui conduit à l’alerte et à la mise en œuvre des premières mesures qui permettront de limiter l’extension du foyer.
Cette association permet de recueillir avec précision tous les éléments caractéristiques de l’affection. Puis la transmission et la centralisation de ces données et prélèvements sont indispensables pour préciser le syndrome et, si possible, identifier la maladie et diagnostiquer l’agent infectieux.
Son efficacité suppose que l’intérêt général soit bien identifié.
Son efficacité impose une implication forte des deux acteurs qui doit être encouragée par la prise en charge financière d’une partie des investigations et être renforcée par la mise à disposition en continu d’informations médicales et épidémiologiques actualisées.
Son efficacité repose également sur la certitude que les informations transmises garderont la confidentialité suffisante pour protéger l’identité des déclarants. Cette confidentialité, en la circonstance, est protégée par le secret médical.
Sa sensibilité doit être améliorée par un plus grand nombre de déclarations régulières et complètes, la simplification des protocoles et le développement d’outils, dont l’Internet.
… et l’expertise scientifique au cœur de sa pertinence…
La collecte d’informations cliniques ou biologiques hors sous réseau (socio-professionnels, laboratoires, centre d’autopsie) est utile pour améliorer la détection des maladies surveillées mais il est nécessaire de s’interroger sur leur pertinence. Il convient dans ces circonstances de les valider, d’identifier le foyer et de les compléter par une enquête sur le terrain (clinique, épidémiologique, biologique).
L’ensemble des informations cliniques et épidémiologiques et les résultats de laboratoires doivent permettre d’analyser, puis de caractériser le risque, avéré ou hypothétique, travail fondé sur l’expertise scientifique hiérarchisée et évaluée.
Cette expertise scientifique doit être clairement identifiée. Elle est indispensable et déterminante dans le contexte actuel de l’utilisation très large du principe de précaution.
Elle précède la gestion technique et les décisions politiques.
Sans démarche rigoureuse d’appréciation du risque, l’usage du principe de précaution est susceptible de générer une crise sanitaire médiatique en attribuant implicitement un poids fort à un risque, parfois sacralisé, dont la probabilité de survenue peut être extrêmement basse voire nulle !
(1) Président du CST du RESPE