Communiqué de presse – Foyers d’Artérite virale équine (AVE) – 19/11/2025

Communiqué de presse – Foyers d’Artérite virale équine (AVE) – 19/11/2025

Suite à la déclaration ces dernières semaines, d’un foyer d’artérite virale équine (AVE) impliquant plusieurs étalons dans le département du Calvados (14) dans un centre de reproduction, avec de possibles foyers secondaires, la cellule de crise du RESPE s’est réunie ce mercredi 19 novembre pour faire un bilan de la situation. La réunion a également permis de déterminer les mesures de précaution à appliquer et à diffuser pour les prochains jours et semaines.

 

  1. Artérite virale équine (AVE) : Rappels sur la maladie

L’artérite virale équine est une maladie virale largement répandue dans le monde.
C’est une maladie parmi les plus contagieuses chez les équidés. Elle se transmet par voie directe, principalement par voie respiratoire. L’avortement est une des conséquences cliniques de ce mode de contamination et reste peu fréquent.
Le second mode de contamination est la voie vénérienne par des étalons ayant contracté la maladie et restant porteurs du virus dans le sperme (environ 40% des étalons).
Lors de la phase aiguë de la maladie, l’animal va excréter le virus pendant une à deux semaines, via les sécrétions nasales ou exceptionnellement, en cas de forte charge virale dans le sang,  tout autre liquide biologique dont la semence, les urines, …
Bien que le virus soit peu résistant dans le milieu extérieur, une contamination par voie indirecte est possible par du matériel souillé (matériel de soins, mannequin, mangeoire, abreuvoir, camion, …) ou par les personnes en contact avec les chevaux (vêtements, mains et tout instrument utilisé dans la conduite d’élevage, …).

Les symptômes classiquement décrits sont fièvre, jetage, larmoiement (signes cliniques assez semblables à ceux de la grippe et de la rhinopneumonie), engorgement des membres, œdème du fourreau et du scrotum, œdème de la face, avortement.
La maladie peut aussi passer inaperçue avec un simple pic d’hyperthermie, voire être asymptomatique.

Certains étalons deviennent porteurs chroniques pendant plusieurs années : ils n’ont plus aucun symptôme, ne sont plus contagieux par voie respiratoire, mais excrètent le virus dans le sperme, ce qui compromet leur carrière de reproducteur. Ce statut de porteur dépend de la testostérone et disparaît donc après castration ou suppression hormonale.
Chez les femelles, une fois le passage viral terminé, elles ne restent pas porteuses du virus même si elles restent séropositives (anticorps dans le sang).

Le diagnostic repose sur une analyse PCR, réalisable sur écouvillon nasal, sang ou sperme ou sur une sérologie, qui nécessite 10 à 15 jours pour voir apparaître les anticorps.

L’artérite virale fait partie des maladies à déclaration obligatoire, même si l’État laisse la gestion sanitaire à la filière.

 

  1. Situation épidémiologique à date

 Le 17 octobre 2025, un foyer d’artérite virale a été détecté dans un centre de reproduction en Normandie, lors d’un contrôle de routine. Cinq examens sérologiques révèlent une positivité sur neuf étalons, alors que tous les chevaux étaient négatifs à leur entrée dans le centre et sur les précédents contrôles.
Des tests complémentaires (sur sang, écouvillons et sperme) ont été réalisés dès connaissance des résultats positifs et ont révélé que la plupart des chevaux avaient déjà éliminé le virus au niveau respiratoire.
Sur les 9, 7 à 8 étalons ont cependant continué d’être positifs dans le sperme.
Après analyse de l’ensemble des étalons présents, 19 étalons sont positifs, affectant les filières sport (élevage et compétition) et course de plat en pur-sang arabe.
Les pistes de contamination seraient probablement une contamination initiale respiratoire mais aussi possiblement indirecte (matériel, personnel, mannequin de collecte).

L’analyse des entrées dans le centre et des résultats des tests précédents ainsi que sur la traçabilité des lots de paillettes produites indiqueraient une contamination initiale à la fin septembre.
L’enquête épidémiologique en cours cherche à identifier le cheval « index », arrivé probablement autour du 23 septembre dans le centre, mais plusieurs origines possibles existent et aucun établissement d’origine n’a encore été formellement identifié.

Entre le 7 octobre, date des prélèvements revenus positifs, et le 17 octobre, certains étalons ont quitté le centre pour rejoindre différents sites : plusieurs écuries de concours présentent désormais des chevaux positifs, souvent uniquement en sérologie, avec des PCR nasales et sanguines négatives, indiquant un passage viral mais plus de circulation active apparente.
Certains sites ont encore des analyses en cours. Des étalons porteurs dans le sperme pourraient s’y trouver.
A ce stade deux sites sont concernés et un troisième est en attente de résultats d’analyses.

Certains sites ont pris de leur propre initiative des mesures strictes de blocage des entrées et sorties (28 jours), et d’autres ont réalisé des dépistages pour sécuriser la participation à des compétitions.

Le cheval index n’étant pas encore identifié, il est probable qu’au moins sa structure d’origine, avant son arrivée au centre de reproduction, ait fait l’objet d’un passage viral.

 

  1. Vigilance de rigueur pour limiter l’extension de la maladie 

L’artérite virale a provoqué une épizootie en Normandie durant l’été 2007 (plus de 200 chevaux touchés). En 2011, un foyer a été recensé dans le Sud-Est de la France avec un cas de mortalité chez un foal. En 2018, deux avortements ont été enregistrés dans l’Orne. Depuis 2018, les rares souches du virus circulant sur le territoire n’avaient pas occasionné de forme clinique.

La direction du centre a averti l’ensemble des détenteurs et propriétaires de chevaux ayant stationné sur le site durant la période incriminée. Tous les propriétaires et détenteurs concernés sont fortement incités à mettre en place un suivi de température pour détecter au plus tôt les équidés malades, mais aussi à effectuer des dépistages sur écouvillon nasopharyngé pour dépister les chevaux infectés mais sans symptôme, dans l’objectif de limiter plus avant la circulation du virus et la propagation de la maladie.
En cas de résultat positif, la cellule rappelle l’importance pour les détenteurs et/ou leur vétérinaire de déclarer ces résultats au RESPE, en plus de leur DDPP.
Après le 18 octobre, tous les chevaux ont quitté la structure après l’obtention d’un résultat négatif par PCR sur un prélèvement respiratoire et sanguin.

Pour rappel également, afin de limiter la propagation du virus et l’extension du nombre de foyers, chaque détenteur dans un foyer avéré est appelé à ne pas déplacer son cheval et à ne surtout pas participer à une manifestation. En cas de non-respect, des sanctions pénales peuvent être appliquées en vertu de l’article L228-3 du Code Rural, « Le fait de faire naître ou de contribuer volontairement à répandre une épizootie chez les vertébrés domestiques […] est puni d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 75 000 €. La tentative est punie comme le délit consommé. »

Les organisateurs, propriétaires et détenteurs, ainsi que tout autre intervenant auprès des équidés, sont donc invités à respecter rigoureusement les règlements en vigueur ou, en cas d’absence, à appliquer un protocole sanitaire strict. ( pour plus de précisions, cf. annexe ).

 

  1. Biosécurité renforcée

Les membres de la cellule de crise incitent à la vigilance et à la mise en place de mesures de précaution pour les élevages et les rassemblements d’élevage et de sport des prochaines semaines, en particulier pour les étalons, avec une recherche du virus AVE par PCR sur un écouvillon nasopharyngé (ENP) réalisé dans les 72h avant l’arrivée de l’équidé sur site reste recommandé.
Pour les chevaux entiers ils ne doivent pas présenter d’hyperthermie dans ces mêmes 72h et une recherche du virus AVE par PCR doit également être réalisée sur un prélèvement de sang (en plus d’un ENP).
Dans ce contexte particulier de la détection de chevaux  non malades, ce test doit être réalisé dans un laboratoire agréé d’analyse et non sur un test rapide.
Un suivi de température avant le rassemblement (a minima une semaine), pendant, et après le rassemblement (a minima une semaine) doit également être mis en place et tracé sur un document.
Un renforcement de toutes les mesures de biosécurité est également fortement recommandé (pour plus de précisions, cf. annexes).

Pour exemple, un test PCR a été réalisé sur des écouvillons nasopharyngés pour l’ensemble des chevaux présents à la qualificative mâle du Studbook Selle Français de Villers Vicomte le 19/11/2025 (100% de résultats négatifs) et les détenteurs des chevaux présents aux qualificatives de Lamballe et Saint Lo (pendant la première quinzaine de novembre) ont été encouragés à faire pratiquer des tests a posteriori sur leurs mâles.

Remarque : Il existe un vaccin contre cette maladie. Il est aujourd’hui utilisé uniquement sur les étalons, produit et distribué en quantités réduites par un seul laboratoire en Europe et à un tarif élevé. Le protocole comprend 3 injections pour la primovaccination, puis des rappels tous les mois.
Compte tenu du faible nombre de doses vaccinales et du protocole de vaccination, leur usage devra se faire de façon raisonnée et parcimonieuse
Il n’est pas recommandé de vacciner des étalons séropositifs ou dont le statut vis-à-vis du virus serait inconnu.

 

* La cellule de crise du RESPE

Elle regroupait ce jour, l’Association syndicale des étalonniers privés (ASEP), l’Association Vétérinaire Équine Française, la Fédération Française d’Équitation, la Fédération Nationale du Cheval, France Galop, l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation, LABEO Frank Duncombe, la Société Française des Équidés de Travail (SFET), la Société Hippique Française (SHF), le StudBook Selle Français (ANSF), la Direction générale de l’Alimentation, le RESPE et le Professeur Jean Luc Cadoré, présent en tant qu’expert scientifique .

 

 

Pour plus d’informations sur la maladie :