Détection des virus herpès dans le cadre du réseau Viroses respiratoires – bulletin n°7
De part leur fréquence, les herpès viroses constituent l’une des pathologies majeures de l’espèce équine, quelle que soit la filière concernée (élevage, entraînement…). Quatre sous-groupe sont principalement cités (1, 2, 3 et 4), chaque sous-groupes présentant une pathogénie et un tropisme particulier.
L’herpès virus de type 3 est la cause d’une maladie sexuellement transmissible : l’exanthème coïtal. L’herpès virus de type 1 peut être à l’origine de pathologies respiratoires, de formes nerveuses (myéloencéphalitesà, d’avortements (et de mortinatatilté) ainsi que de troubles oculaires (kératites). si le rôle des herpès virus de type 4 a été montré dans le cadre d’affections respiratoires chroniques associées à des baisses de performances chez les jeunes chevaux à l’entraînement, celui de l’herpès virus de type 2 n’a jamais été clairement démontré. Présent chez la plupart des chevaux, on ne lui connaît pas de pouvoir pathogène bien défini. Ce qui caractérise cette famille de virus est leur potentiel de latence qui leur permet de rester en sommeil chez l’animal après une primo-infection (dans des ganglions nerveux principalement) et de se réactiver à l’occasion d’un stress ou d’une immuno-dépression passagère.
Syndrome grippal et herpès virus
Un total de 188 prélèvements naso-pharyngé adressés dans le cadre du RESPE nous ont permis d’évaluer la fréquence de détection des herpès virus 1, 2 et 4 chez les chevaux présentant une atteinte respiratoire aiguë (détection du génome viral par PCR). sur ces 188 écouvillons, analysés lors d’un syndrome grippal ou d’une déclaration RESPE au Laboratoire Dept. F. D., 23 prélèvements ont un résultat (élisa) grippe positif.
Nous avons classé ces prélèvements en deux populations : ceux issus de chevaux détectés atteints de grippe par la technique ELISA (23/188) et ceux présentant un résultat négatif (165/188). Comme la figure 3 l’indique, 8,7% (soit 2/23) des chevaux atteints de grippe ont présenté un résultat positif à la détection de EHV1 (resp. 10,3% pour les négatifs grippe), 73,9% pour EHV2 (resp. 46%) et aucun pour EHV4 (resp. 7,8%). Ces résultats illustrent bien la difficulté actuelle à associer la détection du génome de ces virus sur des écouvillons naso-pharyngés à l’étiologie d’une pathologie respiratoire observée. Ils confirment cependant que le virus EHV2 semble largement répandu dans la population équine française.
La répartition par classe d’âge indique que 84% des chevaux détectés positifs pour EHV4 ont moins de 2 ans (8% entre 3 et 5 ans). La répartition est plus variée en ce qui concerne EHV1 : 21% de moins de 2 ans, 47% entre 3 et 5 ans, 27% de plus de 6 ans (ces pourcentages sont très proches de ceux obtenus pour EHV2). L’observation de la répartition par type d’exploitation donne les informations suivantes. La population positive en EVH4 est issue pour un peu moins d’1/3 de centres d’entraînement (23%), pour 1/3 de centres équestres (31%) et pour 1/3 d’élevages (38%).
En ce qui concerne EHV1, la majorité des chevaux concernés proviennent de centres équestres (52%), 26% sont issus de centres d’entraînements.
Dans la littérature, les affections à EHV1 sont décrites comme plus aiguës que les affections à EHV4, touchant des chevaux plus âgés que EHV4, plus souvent associés à des complications bactériennes et à diffusion rapide au sein d’un élevage (EHV4 : évolution sur plusieurs mois dans un effectif). Si nos résultats semblent en accord en ce qui concerne les catégories d’âge concernées, ils sont plus mitigés sur les signes cliniques associés : complications bactériennes (jetage muco-purulent) et anomalies majeures de la ventilation décrites chez les chevaux détectés positifs à EHV4 dans resp. 70 et 20% des cas.
Détection des herpès virus par PCR dans les liquides respiratoires
Un bilan réalisé au laboratoire Frank Duncombe sur 116 lavages provenant de chevaux de 2 mois à 11 ans atteints de maladies respiratoires donne les réultats suivants : 19% de positifs pour EHV1, 8% pour EHV4, 6,9% pour l’association 1, 4. Une coinfection bactérienne (St. zooepidemicus, Ent. agglomerans, Klebisella pneumoniae, Pseudomonae, Rhodococcus equi) a été observée dans 95% des cas. L’observation des profils cellulaires de ces mêmes prélèvements a indiqué que 82% des profils cellulaires de type « épithélial » présentent une PCR herpès positive (12% des prélèvements présentant ce profil sont cependant PCR négatifs).
Si la population cellulaire présente dans les liquides de lavage peut être considérée comme un marqueur de « passage viral », elle ne donne aucune information sur le caractère primaire de l’infection (par rapport à une réactivation virale), ni sur le phénomène pathogénique en cause (les antigènes viraux peuvent être uniquement des allergènes qui induisent des maladies inflammatoires chroniques).
Il reste donc beaucoup à faire pour mieux appréhender le rôle des herpès virus dans les affections respiratoires… la systématisation des examens complémentaires (cytologie et culture de virus à partir de liquide de lavage, cinétique sérologique) et la mise au point d’une PCR quantitative permettant de mieux détecter du virus infectieux devraient nous y aider.
Foyers français de rhinopneumonie (EHV1) en 2001
La Fédération Nationale des Courses Françaises a déclaré 151 foyers français de rhinopneumonie (forme respiratoire) à l’International Collating Centre (ICC) pour l’année 2001 (sources Pasteur CERBA, AFSSA Alfort, laboratoires départementaux). Ce chiffre se base sur une suspicion clinique confirmée par une sérologie positive au 1/32ème. résultat nécessiterait davantage d’investigations tant du côté des analyses effectuées (seconde sérologie à j+20), que des commémoratifs recueillis (âge, race, clinique, statut vaccinal).
Rhinopneumonie et avortements – Premier trimestre 2002
Pour le premier trimestre 2002, 32 produits d’avortements issus d’élevages Bas-Normands ont été autopsiés à l’Afssa Dozulé. La recherche d’herpès virus 1 et 4 a été effectuée par PCR au laboratoire Frank Duncombe pour 28 d’entre eux. Quatre avortons ont été détectés porteurs de ces herpès virus (soit 14%). Trois des quatre avortements (issus du Calvados) ont été attribués au virus EHV1 après confirmation par immunofluorescence sur cryocoupe. Le quatrième avorton (Orne) était porteur de virus EHV4 infectieux, ce qui est assez peu fréquemment décrit. La souche est en cours d’isolement.
Le LDFD a réalisé sur la même période 35 recherches d’herpès virus de type 1 sur d’autres produits d’avortement (non autopsiés à l’AFSSA Dozulé) : deux se sont révélés positives (Manche, Orne).