Diagnostic de la gourme au laboratoire – bulletin n°18
Pierre-Hugues PITEL (1), Karine MAILLARD (1), Christel MARCILLAUD PITEL (1), Christine FORTIER (1), Albertine LEON (1), Stéphane PRONOST (1) et Guillaume FORTIER (1)
Le diagnostic biologique de certitude de la gourme (streptococcose à S. equi subsp. equi) reste délicat. Il peut être direct (mise en évidence de la bactérie S. equi subsp. equi par culture ou par PCR) ou indirect par la recherche d’anticorps spécifiques.
1. Diagnostic direct
– Bactériologie
Affection aigue
La mise en évidence de S. equi subsp. equi n’est pas toujours facile du fait de la flore annexe.
En effet, tout comme S. equi subsp. zooepidemicus, S. equi subsp. equi est un streptocoque bêta hémolytique. Les deux types de colonies sont très similaires et seule une identification biochimique permet de les distinguer avec certitude. La difficulté est accrue en cas d’infection concomitante par les deux agents bactériens. En effet, S. equi subsp. zooepidemicus se multiplie plus rapidement en culture et risque ainsi de masquer les colonies de S. equi subsp. equi.
En conséquence, en cas de résultat positif, on peut être certain de la présence de bactéries vivantes dans le prélèvement réalisé, information importante dans le cadre d’un suivi d’efficacité de traitement surtout lors d’affection des poches gutturales.
Par contre, il existe un risque de faux négatifs liés aux conditions de prélèvement (pas de germe dans le mucus dans les 48 premières heures d’hyperthermie) ou d’acheminement (nécessité d’un milieu de transport type Amies charbon, sous couvert du froid dans les meilleurs délais).
Affection chronique
Intrinsèquement, la seule bactériologie souffre d’un défaut de sensibilité en cas de recherche de portage chronique. En effet, seuls 60% des animaux porteurs chroniques de S. equi subsp. equi sont détectés par la mise en œuvre d’un examen bactériologique seul, répété 3 fois en une semaine. Dans le cadre du dépistage de ces animaux, il est conseillé de coupler l’examen bactériologique à une recherche par PCR. On passe ainsi à 90% d’animaux détectés dans les mêmes conditions de prélèvement.
– PCR
Les techniques PCR spécifiques de détection de S. equi subsp. equi sont fondées sur l’amplification de fragment d’ADN bactérien. La séquence retenue est une portion de génome bactérien codant pour la protéine de virulence SeM ne présentant pas de forte homologie avec celle de S. equi subsp. zooepidemicus.
Les techniques PCR sont beaucoup plus rapides et trois fois plus sensibles que les techniques de culture. La PCR présente l’inconvénient de détecter aussi bien des fragments d’ADN de bactéries mortes que vivantes.
La PCR semble donc être un bon outil pour la détection :
– des cas cliniques,
– des porteurs asymptomatiques,
– des animaux éventuellement porteurs avant leur introduction dans un effectif ou après un transport.
2. Diagnostic sérologique
Il repose sur la mise en évidence d’anticorps anti-protéines M (SeM) spécifique de S. equi subsp. equi par technique ELISA. Cette protéine très immunogène a un rôle majeur en terme dans le mécanisme de pathogénicité, Ce test ne permet pas de distinguer les animaux vaccinés des animaux naturellement infectés.
On observe un pic sérique à 5 semaines après l’exposition. Les anticorps persistent environs 6 mois mais il existe des variations individuelles importantes de la réponse immunitaire. Les chevaux présentant un titre très élevé, sont susceptibles de développer une réaction allergique se manifestant par un purpura hémorragique à l’occasion d’un nouveau contact avec la bactérie (sauvage ou vaccinale). Il est donc recommander d’éviter de les vacciner.
Compte tenu de la cinétique d’apparition des anticorps, la sérologie n’est sans doute pas l’outil le plus adapté pour un diagnostic biologique rapide d’une gourme en début d’évolution clinique.
En revanche, elle peut se révéler utile pour :
– confirmer ou infirmer un foyer de gourme (diagnostic d’effectif),
– identifier des animaux chez lesquels il existe un risque fort de purpura hémorragique en cas de vaccination ou de nouveau contact avec la bactérie,
– confirmer biologiquement l’étiologie d’un diagnostic de purpura hémorragique,
– diagnostiquer des formes atypiques de gourme ou des abcès erratiques.
L’interprétation des résultats sur des poulains de moins de 8 semaines doit tenir compte de la possibilité de présence d’anticorps d’origine maternelle (colostrum).
Pour en savoir plus :
Cadoré JL. La Gourme chez le Cheval . Le Nouveau Praticien Vétérinaire équine. juillet/août 2005. 29-34.
Timoney J.F. 2004. The pathogenic equine streptococci. Vet. Res. 35 :397-409.
Sweeney C.R., Timoney J.F., Newton J.R., Hines M.T.2005 Streptococcus equi infections in horses: Guidelines for treatment, control and prevention of strangles. J. Vet. Intern. Med. 2005. 19 :123-134
(1) Laboratoire Départemental Frank Duncombe