Enseignement Post-Universitaire « Neurologie équine pratique » à l’École Vétérinaire d’Alfort les 26 et 27 novembre : Bilan des 2 jours – bulletin n°14

Pierre TRITZ (1)

Après un premier EPU de neurologie à l’ENV de Lyon qui avait permis d’expérimenter la formule et de lancer en partie le réseau affections nerveuses, il avait été décidé d’en organiser un deuxième plus accompli, pour former les vétérinaire sentinelles. Cet EPU de neurologie équine résolument pratique s’est déroulé à Maisons Alfort les 26 et 27 novembre dernier.

Après l’introduction faite par le Dr Xavier d’Ablon, le Dr Ammann nous a fait un brillant exposé sur l’examen neurologique : « la neurologie, c’est joli, il y a un avantage : on voit tout sur le cheval ». Il faut faire l’inventaire des déficits pour localiser la lésion, si les signes cliniques ne sont pas reliables, penser à une origine multifocale. Pour l’examen on peut procéder par de « la tête à la queue », ou mieux par zone anatomique nerveuse.

L’apport des examens biologiques en pathologie nerveuse a été abordé par le Dr P.H. Pitel, du laboratoire F. Duncombe. Si les analyses biochimiques sont déterminantes dans les affections nerveuses, la cytologie du LCR se révèle particulièrement intéressante. La biologie moléculaire remplace fréquemment les techniques virologiques et de nouvelles perspectives s’ouvrent avec les PCR multiplex. L’histologie est sous-employée.

Le Dr Gwenaëlle Dauphin (AFSSA Alfort) a fait le point sur le réseau Affections Nerveuses, en évoquant les difficultés de fonctionnement (faible nombre de déclarations, d’étiologies confirmées, trop peu de prélèvements de LCR…). Les affections nerveuses sont rares, mais elle sont la 4ème cause de mortalité chez le cheval. En France, la principale maladie neurologique infectieuse est le West Nile (en 2004:57 cas suspect, 32 confirmés), vient ensuite la rhinopneumonie forme nerveuse qui reste sporadique. La maladie de Borna décrite depuis le XVIIIe siècle en Allemagne pourrait être une zoonose.

Le professeur Lévy de Purdue University (USA) a fait le point sur l’EPM dont l’agent Sarcocystis neurona a un cycle mal connu, avec comme hôte définitif l’opossum. Le diagnostic se fait par la technique Western Blot sur LCR.

Des médicaments spécifiques ont été enregistrés aux USA. L’impact économique est considérable.

Il nous a également décrit l’épizootie de West Nile qui a été diagnostiquée en 1999 à New York et s’est répandue dans presque tous les USA (15000 cas en 2002) : la vaccination est largement utilisée. Le botulisme dû a l’action d’une neurotoxine est plus fréquent aux USA (où il existe même un vaccin) qu’en Europe.

L’imagerie de la région cervicale chez le cheval a été présentée par le Dr Fabrice Audigié (CIRALE) : l’examen radiologique sans préparation et à l’échographie, permettent d’identifier 80% des lésions cervicales. Il nous a fait une belle démonstration de technique échoguidée de prélèvement de LCR en région atlanto-occipitale.

Le Dr Desbrosse a ensuite abordé le diagnostic différentiel de l’ataxie spinale : le cheval ataxique possède un défaut de positionnement des pieds.

Le Dr Amory de l’université de Liège, a complété la touche internationale de cet EPU en revenant sur le syndrome vestibulaire dans lequel on observe des troubles d’équilibre avec une démarche chancelante. L’hépato-encéphalopathie apparaît dans 40 à 50% des cas d’insuffisance hépatique. La maladie de l’herbe (dysautonomie équine) et la maladie du motoneurone sont deux maladies neuro-dégénératives d’étiologie inconnue caractérisées par de l’amaigrissement.

Enfin le Dr Aude Giraudet de l’ENVA a abordé la conduite à tenir devant un cheval atteint de pathologie nerveuse aiguë, en soulignant l’importance du nursing. Le pronostic peut être bon si le relevé a lieu en moins de 48 h; il s’assombrit fortement au-delà.

Pour terminer, chacun d’entre nous a pu grâce aux conseils des « moniteurs », faire une ponction de LCR en région lombo-sacrée, donnant ainsi une touche finale à cet EPU très pratique, très complet et très convivial où chacun a pu poser des questions.

(1) Clinique vétérinaire de Faulquemont

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