Epizootie d’artérite virale équine dans l’Hérault (34) et les Bouches-du-Rhône (13) : suivi n°1 au 29 juin 2011
Foyers d’Artérite Virale Equine dans l’Hérault et les Bouches-du-Rhône
Communiqué de presse – 28 juin 2011
La cellule de crise du RESPE s’est réunie le 28 juin afin d’effectuer un point sur la situation des deux foyers d’artérite virale équine confirmés dans l’Hérault (34) et les Bouches-du-Rhône (13). Cette réunion avait pour objectifs de faire un bilan de la situation, de référencer les actions à mettre en place et d’établir des mesures sanitaires de prévention pour limiter la propagation de l’épizootie.
Bilan de la situation
A ce jour, deux foyers d’artérite virale équine ont été identifiés touchant la race lusitanienne.
Le premier sévit dans l’Hérault (F1). Il s’agit d’un étalon Lusitanien dépisté dans le cadre de la monte positif à l’artérite virale équine le 23 juin dernier (analyse PCR sur sperme). Cet étalon a sailli plusieurs juments de son harem avant que sa positivité dans le sperme ne soit connue. Cet étalon n’a aucun symptôme.
Le second foyer sévit dans les Bouches-du-Rhône également dans un élevage de Lusitaniens (F2). Dans ce foyer, un poulain né faible est mort à 48h suite à de l’hyperthermie et de la diarrhée. Ce poulain a été diagnostiqué positif en artérite virale équine sur organes le 24 juin. Par ailleurs, depuis début juin, 9 juments ont présenté des résorptions embryonnaires (avortements précoces) et un étalon un oedème des organes génitaux.
Un lien épidémiologique existe entre ces deux foyers, 5 juments du foyer F1 ont stationné dans le foyer F2 pendant la saison de monte.
Afin d’évaluer la diffusion de la maladie, une enquête épidémiologique, en particulier sur les entrées et sorties de ces deux foyers, est en cours.
Des prélèvements complémentaires ont été et vont être réalisés dans les deux foyers. Des analyses sont en cours.
Un risque important pour les étalons
Les étalons excréteurs sont la source principale de la circulation du virus de l’artérite. Même s’ils ne présentent pas de symptômes, de nouvelles formes du virus très pathogènes peuvent apparaître par mutation dans les testicules. Ces virus peuvent alors être à l’origine d’épizootie beaucoup plus grave de la maladie (Cf. épizootie d’artérite virale équine 2007).
Un étalon excréteur dans le sperme le reste toute sa vie dans 40% des cas.
Il n’est pas autorisé à saillir pour ne pas contaminer les juments saillies, sauf dérogation avec respect d’un protocole très contraignant visant à empêcher la diffusion du virus.
Les foyers identifiés jusqu’à présent touchent exclusivement la race lusitanienne dans laquelle les chevaux sont rarement castrés.
2 manifestations importantes qui doivent rassembler de nombreux lusitaniens et chevaux ibériques sont programmées prochainement (Championnat lusitanien à Beaucaire (34) du 8 au 10/07 et Féria aux Saintes Maries de la mer (13) les 14 et 15/07).
Pour que ces rassemblements ne soient pas une source de contamination pour les nombreux entiers qui seront présents, les chevaux contagieux doivent absolument en être écartés.
Mesures sanitaires de prévention
Le RESPE préconise : aux propriétaires, détenteurs et organisateurs de manifestations de se rapprocher de leur vétérinaire afin d’apprécier les risques de diffusion de d’AVE au sein de leurs équidés notamment :
1/ Pour les foyers confirmés :
– un arrêt des mouvements de chevaux dans et hors de l’élevage
– un isolement des chevaux touchés
– désinfecter le matériel ou utiliser du matériel à usage unique ; mettre en place des pédiluves devant les zones infectées ; les désinfectants virucides usuels sont actifs contre le virus
– désinfecter les locaux et effectuer un vide sanitaire avant toute réintroduction d’animal dans un local « infecté »
– limiter le contact des chevaux infectés uniquement au personnel responsable des soins
– mettre en place un circuit de soins (débuter les soins par les lots d’animaux sains pour terminer par les chevaux suspects et atteints)
– réaliser les soins entre les différents lots par des personnels différents ou à défaut en suivant le circuit de soins, changer de tenue entre les différents lots si personnel unique
Ces mesures de prévention doivent continuer d’être appliquées pendant 30 jours après constat du dernier symptôme d’artérite virale.
2/ En cas de suspicion, constat de symptômes respiratoires, abortifs et/ou de l’appareil génital :
– isoler, autant que faire se peut, les chevaux suspects
– limiter au maximum les mouvements
– contacter votre vétérinaire afin qu’il examine les chevaux et procède à des prélèvements, si nécessaire, pour recherche du virus de l’artérite virale (ne pas oublier de les déclarer au RESPE)
– isoler pour quarantaine les chevaux en provenance des sites infectés ou suspects
3/ Pour les manifestations et rassemblements de chevaux de races ibériques :
– organisateurs et participants doivent prendre les mesures de contrôle nécessaires afin de s’assurer de ne pas engager leur responsabilité dans la diffusion du virus : Code rural article L228-3 (cf. Annexe).
– demander, a minima, un certificat de bonne santé daté de moins d’une semaine pour les chevaux participants (Certificat téléchargeable en ligne sur le site www.respe.net rubrique « Actualités »)
– il est conseillé de réaliser des dépistages en laboratoire afin de s’assurer que les chevaux soient bien négatifs au virus de l’artérite virale équine : écouvillon naso-pharyngé (pour une recherche par PCR du virus) ou cinétique d’anticorps (deux prises de sang à 15 jours d’intervalle)
Information de la filière
La cellule de crise préconise de diffuser largement ce communiqué et demande à tous les partenaires et destinataires de relayer l’information principalement vers les propriétaires de chevaux lusitaniens et ibériques.
Un suivi régulier de la situation sera diffusé par le RESPE.
La cellule de crise se réunira à nouveau le 5 juillet 2011 afin d’effectuer un second bilan de la situation.
Le virus de l’artérite virale équine circule en France. Depuis les épisodes 2007 et 2008, le renforcement des contrôles et la sensibilisation au dépistage de l’artérite ont permis de mieux la maîtriser.
Malgré le faible nombre de chevaux actuellement confirmés positifs, seule la mobilisation de la filière permettra de la limiter l’extension de cette épizootie. En cas de non respect de ces mesures l’épizootie pourrait se disséminer, par voie respiratoire, à la filière équine dans son ensemble.
Dans l’état actuel des informations recensées, le RESPE appelle donc à la plus grande vigilance, principalement les éleveurs et propriétaires de chevaux lusitaniens et ibériques et met toutes ses ressources à la disposition de la filière équine pour relayer les informations au jour le jour.
Annexe
La cellule de crise du RESPE
Déclenchée le 27 juin, elle regroupe les vétérinaires concernés, l’Association Vétérinaire Equine Française, les Comités Régionaux d’Equitation Languedoc-Roussillon et PACA, la Fédération Française d’Equitation, la Fédération Nationale du Cheval, la Fédération Nationale des Courses Françaises, la Filière équine de l’Hérault, l’Institut Français du Cheval et de l’Equitation, le Laboratoire Frank Duncombe, la Direction Générale de l’Alimentation et la Direction Générale des Politiques Agricole, Agroalimentaire et des Territoires (Bureau de l’élevage et des activités équestres) pour le Ministère de l’Agriculture et le RESPE.
L’artérite virale équine
L’artérite virale équine est une maladie contagieuse transmise par voie respiratoire ou vénérienne. Les principales sources de virus sont : jetage, larmes, urine, crottins, sang, sperme…
Les symptômes classiques sont : hyperthermie, jetage, toux, œdème (notamment des parties génitales), résorption embryonnaire, avortement et infertilité (fiche maladie téléchargeable sur le site www.respe.net rubrique « Base documentaire »). Certains chevaux peuvent être infectés mais ne présenter que des symptômes très légers voire aucun symptôme ; ils n’en restent pas moins contagieux.
Après infection, les juments et hongres se débarrassent du virus après quelques semaines. Seuls les étalons infectés peuvent devenir porteurs sains du virus et en sont alors excréteurs dans le sperme.
N.B. :
Le certificat vétérinaire atteste de la bonne santé du sujet, de l’absence de symptômes d’artérite virale depuis 4 semaines et du fait qu’il ne provient pas ou qu’il n’a pas séjourné dans un établissement ayant eu un cas d’artérite dans les 30 derniers jours ou une suspicion en cours d’investigation, toutefois le détenteur des équidés faisant l’objet de ce certificat est averti que l’examen clinique ne remplace pas des prélèvements biologiques pour analyse de dépistage par séroneutralisation (cinétique) ou PCR. Seules de telles analyses certifiées pourraient exclure une infection par le virus de l’artérite virale le jour de prélèvement. Il est de la responsabilité du détenteur de demander ou non l’exécution de ces prélèvements biologiques.
Selon l’article L228-3 du Code Rural, le fait de faire naître ou de contribuer volontairement à répandre une épizootie chez les vertébrés domestiques […] est puni d’un emprisonnement de cinq ans et d’une amende de 500 000 F. La tentative est punie comme le délit consommé.
Le fait, par inobservation des règlements, de faire naître ou de contribuer à répandre involontairement une épizootie […] est puni d’une amende de 100 000 F et d’un emprisonnement de deux ans.
Contact :
Christel MARCILLAUD PITEL, Directeur
RESPE – RESEAU D’EPIDEMIO-SURVEILLANCE EN PATHOLOGIE EQUINE
6 avenue du Maréchal Montgomery – 14000 CAEN – 02 31 57 29 14
www.respe.net – contact@respe.net