Épizootie d’herpèsviroses : suivi n°1 au 27 avril 2018

Épizootie d’herpèsviroses : suivi n°1 au 27 avril 2018

La cellule de crise* du RESPE s’est réunie le 27 avril afin d’effectuer un point sur la situation des foyers d’herpèsviroses présents sur une grande partie du territoire, en particulier le grand Ouest et sur la circulation du virus, notamment dans le contexte d’une période riche en concours locaux, nationaux et internationaux.

Cette réunion avait pour objectifs de faire un bilan de la situation, de référencer les actions à mettre en place et d’établir la communication et la diffusion des mesures sanitaires de prévention pour endiguer la propagation de l’épizootie.

 

Bilan de la situation

Depuis fin mars dernier, le RESPE qui suit les foyers d’herpèsviroses, a émis deux appels à la vigilance concernant la circulation avérée et importante du virus, en particulier dans la filière sport (30 mars et 12 avril 2018).

 

A ce jour, 22 foyers déclarés par des vétérinaires sentinelles et confirmés par analyse ont été identifiés principalement dans le grand Ouest, mais également en Ile-de-France, dans l’Est et en Gironde (voir carte en lien en fin de communiqué). Cela représente environ 200 chevaux malades ou suspects. Les foyers touchent majoritairement des effectifs de chevaux de sport, mais également des élevages et au moins un centre d’entrainement.

Tous les cas ne sont malheureusement pas remontés au RESPE et au fil des informations recueillies, on note une sous déclaration des cas réellement présents sur le terrain.

Des cas ont été confirmés chez des chevaux de sport, des Pur-Sang et des Trotteurs.

Les symptômes observés sont essentiellement de l’hyperthermie, de l’abattement et du jetage. Plusieurs séries d’avortement ont aussi été recensées et on comptabilise aujourd’hui dans ces foyers, 6 cas de forme nerveuse de la maladie, dont 4 ont du être euthanasiés.

Sur les chevaux vaccinés, les signes cliniques sont majoritairement atténués, voire absents mais on retrouve du virus « au bout du nez » de façon importante et en quantité inhabituelle ces dernières semaines, donc une dissémination potentielle du virus. Certains chevaux vaccinés ont aussi manifesté des formes respiratoires classiques de la maladie, des avortements ainsi que des formes neurologiques.

Les sources de contamination restent d’une part, les rassemblements et l’introduction/retour de chevaux dans un effectif sans précaution particulière, notamment dans le cadre d’une poly activité des structures (élevage + autres), mais également dans des structures où les mouvements sont très importants (nombreux chevaux sortant sur de nombreux concours, courses).

A ce stade, des liens épidémiologiques autour de manifestations équestres sont suspectés entre plusieurs foyers hébergeant des chevaux de sport, présentant principalement des formes respiratoires ou asymptomatiques. Aucun lien n’a pu cependant être confirmé pour le moment, les premiers cas remontant à fin février et n’ayant pas été soumis à analyses.

 

Une stratégie raisonnable pour les manifestations à venir

Au vu de la situation sanitaire sur le terrain et d’une sensibilité médiatique autour de cette épizootie, de nombreux concours ont déjà été annulés ce week-end. D’autres auront bien lieu avec pour une part, la mise en place de mesures de prévention par les organisateurs.

Dans les semaines à venir, de nombreux rassemblements se tiendront sur le territoire, dont certains avec un nombre très important d’équidés. Certains de ces chevaux auront participé à des manifestations dans des « zones  à risque » les semaines précédentes.

Compte tenu de ces constatations, dans une période riche en manifestations sportives mais aussi en concours d’élevage, la cellule de crise conseille fortement aux sites de rassemblements ayant hébergé récemment des chevaux suspects ou confirmés de suspendre leur participation à des concours ou l’organisation de manifestations dans leurs locaux.

La cellule de crise incite également les détenteurs de chevaux ayant participé à des concours dans les zones géographiques à risque (avec foyers confirmés), à une surveillance accrue de leurs animaux et à ne pas se rendre sur les terrains de concours encas de suspicion, dans l’attente des résultats de prélèvements, ou en cas de confirmation.

Circulation du virus et vaccination

Les herpesvirus circulent régulièrement en France et la population équine étant trop faiblement vaccinée contre ces virus, ils occasionnent régulièrement des foyers sporadiques,et dans des conditions favorables, des épisodes plus ou moins sévères. Cependant,l’épizootie actuelle reste particulière par le nombre de cas occasionnés, l’importance de l’excrétion virale chez les chevaux touchés et la présence de symptômes dans des populations très bien vaccinées.

Un typage et une caractérisation des souches virales est en cours dans les différents foyers et permettra peut être de comprendre les particularités de cette épizootie. Les premiers résultats orientent vers la circulation de plusieurs souches virales différentes.

 

La vaccination reste une mesure de prévention efficace.

  • Il est conseillé pour les chevaux déjà vaccinés, en bonne santé, n’ayant pas été en contact avec des foyers avérés ou suspects, dont le rappel vaccinal remonte à plus de 6 mois, de procéder à un rappel.
  • Pour les chevaux non vaccinés et non exposés (n’ayant pas été en contact avec des foyers avérés ou suspects), une vaccination peut également être envisagée, mais n’aura que peu d’effet en pleine épizootie. En effet, la primo-vaccination demandant a minima** 2 injections à 1 mois d’intervalle, la protection commencera à être efficace lors de la seconde injection, soit 4 à 6 semaines après la première injection.
  • Pour les chevaux exposés qui peuvent être en phase d’incubation, la vaccination est déconseillée et n’aurait que peu d’effet ; sur un cheval malade, la première injection risque de n’entrainer aucune réponse immunitaire, voire de déclencher plus rapidement la maladie.

De manière générale, la vaccination avec un rappel tous les 6 mois est fortement conseillée en France où le virus circule chaque année avec des conséquences souvent importantes sur les performances des chevaux lors de formes respiratoires, des avortements encore fréquents pour la forme abortive et des formes nerveuses pouvant être mortelles.

** le protocole vaccinal est variable selon la marque de vaccin utilisée.

 

Information de la filière

Dans ce contexte général, la cellule de crise préconise de diffuser largement ce communiqué et demande à tous les partenaires et destinataires de relayer l’information. Un suivi de la situation sera effectué et diffusé par le RESPE.

Seule la mobilisation et la responsabilisation des différents acteurs de la filière permettront de limiter l’extension de cette épizootie. Des mesures sanitaires de prévention sont présentées, leur objectif est de limiter la propagation de la maladie au sein d’un effectif comme dans les différentes composantes de la population équine. Un protocole sanitaire pouvant être utilisé pour l’admission des chevaux sur les sites de rassemblement est également proposé. En cas de non-respect de ces mesures, le virus pourrait continuer de se disséminer à la filière et occasionner une paralysie des activités.

Dans l’état actuel des informations recensées, la cellule de crise appelle donc à nouveau à la plus grande vigilance, principalement les organisateurs de concours ainsi que les cavaliers et propriétaires de chevaux engagés dans des concours ou épreuves ces prochaines semaines, et met toutes ses ressources à la disposition de la filière équine pour relayer les informations.

* La cellule de crise du RESPE

Déclenchée le 26 avril, elle regroupe des experts vétérinaires et scientifiques de cette maladie, l’Association Vétérinaire Équine Française, la Fédération des Éleveurs du Galop, la Fédération Française d’Équitation, la Fédération Nationale du Cheval, la Fédération nationale des Conseils des Chevaux, la Fédération Nationale des Courses Hippiques, France Galop, l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation, LABEO Frank Duncombe,la SFET, la Société Hippique Française, le Trot et le RESPE.


Informations pratiques :
RESPE – Réseau d’EpidémioSurveillance en Pathologie Equine
3 rue Nelson Mandela – 14280 SAINT-CONTEST
02 31 57 24 88 – contact@respe.net

Contact presse :
Christel Marcillaud Pitel, Directeur du RESPE – contact@respe.net


 

Pour plus d’information

Cartes à jour

Les cartes mises à dispositions par le RESPE sont de natures différentes :

VigiRESPE : un outil généraliste sur le risque global

Sur la carte VigiRESPE, le risque est évalué sur les 21 derniers jours (ou plus, ou moins, selon le filtre de date choisi) avec différentes sources d’information :

  • cas confirmés (“alertes”)
  • cas cliniques déclarés par des vétérinaires sentinelles (chevaux malades présentant des symptômes, sans résultat d’analyse)
  • déclarations par des particuliers via l’outil VigiRESPE.

Ces différentes sources sont bien entendu pondérées en fonction de leur fiabilité. Par ailleurs, cette carte regroupe toutes les maladies suivies par le réseau.

Cartes de situation

Cette carte est spécifique de l’épizootie en cours. Elle a été mise à jour afin de couvrir les foyers découverts sur les 28 derniers jours : elle couvre la période du 15 mars au 27 avril 2018. Nous avons choisi la date du 15 mars, car elle correspond à la période où le nombre de cas est devenu plus élevé que la “normale”.

Retrouvez les cartes en suivant les liens ci-dessous :

Alertes HVE1 sur les 6 dernières semaines

Affiches et documents types

Fiches techniques