par Didier CALAVAS (1), Clara MARCE (2), Alexandre FEDIAEVSKY (2), Pascal HENDRIKX (3)
Essentielle à toute politique de prévention et de lutte contre les maladies, la surveillance épidémiologique vise à fournir des informations et des analyses précises et fiables sur la situation et l’évolution épidémiologique des maladies présentes sur le territoire. Elle permet également d’exercer une vigilance vis-à-vis de l’introduction de maladies nouvelles dans le pays ou de la réémergence de maladies éradiquées.
Bien que la situation sanitaire de la France en matière de santé animale soit actuellement très favorable, un tel statut n’est jamais définitivement acquis et requiert une attention permanente. Comme l’a montré l’émergence récente de maladies telles que la maladie de Schmallenberg chez les ruminants ou encore la résurgence très récente de la fièvre catarrhale ovine en Corse, il ne s’agit plus seulement de surveiller et suivre l’évolution de maladies installées, mais de repérer le plus précocement possible l’apparition de maladies nouvelles. Ainsi, les systèmes de surveillance actuels doivent être adaptés à ces nouvelles exigences en formalisant mieux les spécifications des dispositifs de la surveillance, tout en assurant une souplesse suffisante leur permettant de s’adapter aux nouveaux dangers. En complément des systèmes de surveillance dédiés à des maladies identifiées, la surveillance d’indicateurs de santé non spécifiques (surveillance syndromique) permet de couvrir un ensemble de maladies se traduisant par le même type d’effet (mortalité, avortements par exemple), ce qui est particulièrement intéressant pour exercer une vigilance vis-à-vis de dangers sanitaires exotiques ou émergents.
C’est sur ces considérations que les Etats généraux du sanitaire organisés par le ministre en charge de l’agriculture en 2010, ont proposé la création d’une Plateforme nationale de surveillance épidémiologique en santé animale.
Les missions de la Plateforme ESA
L’objectif premier de la Plateforme ESA est de faciliter la coordination, la déclinaison opérationnelle et le suivi des politiques de surveillance en santé animale adoptées et mises en œuvre par ses membres. Elle doit en particulier s’assurer de l’adéquation entre les dangers sanitaires présents ou qui menacent le territoire et les dispositifs mis en place pour les surveiller.
Dans ce cadre, les missions opérationnelles de la Plateforme ESA sont (Encadré 1) :
– de participer à l’élaboration et à l’amélioration des dispositifs de surveillance épidémiologique,
– de faciliter la centralisation, la valorisation et le partage des données sanitaires,
– de contribuer à l’analyse des données sanitaires et à leur diffusion.
Ces missions se déclinent en deux axes de travail complémentaires : des actions ciblées sur des thématiques sanitaires prioritaires et des développements méthodologiques sur les modalités de surveillance.
Un premier bilan après une année d’activité
Un premier bilan de l’activité de la Plateforme ESA a été tiré fin 2012, après une première année de fonctionnement.
Les thématiques sanitaires aujourd’hui prioritaires pour la Plateforme ont fait l’objet de développements dans les différents domaines de la surveillance épidémiologique (Encadré 2) : conception et évolution des dispositifs de surveillance, centralisation et analyse de données sanitaires, diffusion des résultats de la surveillance, etc.
Les développements méthodologiques (Encadré 3) ont été axés sur la définition de standards en matière d’évaluation et de suivi des dispositifs de surveillance, sur la mise en place d’un Centre de service de données épidémiologiques et d’un Centre de ressources sur l’épidémiosurveillance en santé animale qui permet de mener à bien le travail collaboratif entre les membres de la Plateforme et l’information d’un large public, et sur la diffusion de bilans sanitaires.
En 2013, d’autres thématiques sanitaires ou méthodologiques sont venues compléter le panel d’activités : sur le plan sanitaire, un projet pilote de surveillance de la mortalité des bovins ou encore un dispositif de veille sanitaire internationale. Par ailleurs, la Plateforme a initié la mise en œuvre d’une veille internationale pour exercer une vigilance vis-à-vis des dangers sanitaires exotiques ; sur le plan méthodologique, un groupe s’est constitué pour adresser les spécificités de la faune sauvage en matière de surveillance sanitaire.
(1) Anses, Laboratoire de Lyon
(2) Direction générale de l’alimentation, Bureau de la santé animale, Paris
(3) Anses, Direction scientifique des laboratoires, Maisons-Alfort