La rhinopneumonie : bilan des formes neurologiques et des affections respiratoires identifiées en 2003 – bulletin n°11
Claire MOUSSU (1), Anne SAISON (1), Gwenaëlle DAUPHIN (1) et Pierre-Hugues PITEL (2)
Formes respiratoires
Sur les 152 déclarations (provenant de 94 foyers) enregistrées au cours de l’année 2003 (1/01/03-31/12/03), 71 étaient accompagnées d’au moins une prise de sang qui a permis la réalisation d’une sérologie vis-à-vis du virus EHV1 (technique FC). Parmi ceux-ci, 61 ont fait l’objet d’une cinétique (dont deux chevaux vaccinés contre la rhinopneumonie depuis moins de 3 mois).
Chevaux n’ayant qu’un seul résultat sérologique (n=10)
Huit des dix chevaux ayant eu une seule analyse sérologique vis-à-vis du virus EHV1 ont obtenu un résultat négatif lors de cet unique contrôle (<1/16).
Les deux autres sont positifs respectivement aux titres de 1/128ème et 1/32ème. Lorsqu’un seul résultat est disponible en technique de fixation du complément, celui-ci peut être le témoin d’une infection virale uniquement si le titre est élevé (1/128 ou 1/256) et que le contexte clinique, vaccinal et épidémiologique est en faveur de cette hypothèse. En se conformant à cette interprétation, seul un cheval sur les dix doit être considéré comme développant la rhinopneumonie.
Chevaux ayant bénéficié d’une cinétique sérologique (n=61)
Il est important de rappeler que pour chaque cheval, deux prises de sang prélevées à J0 et à J+15j ont été adressées et analysées simultanément par l’un de ces trois laboratoires (LDFD, Pasteur CERBA, AFSSA Alfort). En effet, en ce qui concerne les tests sérologiques de détection de la rhinopneumonie, il n’y a pas de réactifs ni de techniques standardisés et reconnus internationalement et les résultats obtenus, avec une même technique, pour un même prélèvement, peuvent varier d’un laboratoire à l’autre. Il était donc important que les deux sérums d’une cinétique soient analysés simultanément, par un même laboratoire.
Selon les recommandations de l’OIE, on considère qu’une variation du titre en anticorps obtenu par FC est significative d’une infection récente par les virus EHV-1 et EHV-4 si le titre en anticorps est multiplié par 4 entre 0 et 2 à 3 semaines après le début des symptômes (Ex : 1/16 – 1/64 ou 1/32-1/128). Nous avons appliqué cette recommandation et considéré également que les chevaux possédant au moins un résultat égal au 1/128 avaient subi une infection récente par les virus EHV1 ou EHV4.
En ce qui concerne les chevaux vaccinés depuis plus de 3 mois et ayant bénéficié d’une cinétique (n=59), les résultats sont présentés dans le tableau I.
Plusieurs constats :
– le nombre de cinétiques sérologiques EHV1 réalisées dans le cadre du RESPE a nettement progressé depuis 2002 mais il peut être encore amélioré (représente 46,7% des déclarations).
– selon la grille d’interprétation retenue, 12,7% (9/71) des chevaux testés développaient une forme respiratoire de rhinopneumonie
– on notera qu’en l’absence d’une cinétique sérologique, deux chevaux auraient été déclarés négatifs à l’issue de la première prise de sang (titres < 1/16), un troisième pouvait être considéré comme douteux (1ère sérologie au 1/64ème)
L’incidence de la rhinopneumonie parmi les déclarations effectuées auprès du RESPE semble donc encore sous-estimée du fait d’un nombre encore insuffisant d’analyses sérologiques réalisées (71 chevaux testés sur 152 cas déclarés). Nous remercions les praticiens qui ont permis l’obtention de ces résultats grâce au respect du protocole proposé.
Il semble nécessaire de systématiser la réalisation des cinétiques sérologiques vis-à-vis de la rhinopneumonie dans le cadre du RESPE. Nous étudierons à nouveau la possibilité d’un retour d’information plus rapide pour le praticien (possibilité d’adresser en différé les deux prises de sang).
Formes neurologiques
7 chevaux (dont 3 déclarés avant le lancement officiel du réseau ANI en juin 2003) ont simultanément présenté des troubles neurologiques compatibles avec la rhinopneumonie et des titres en anticorps élevés vis-à-vis d’EHV1 (FC >1/128) en sérologie initiale ou lors de la seconde analyse d’une cinétique (J+15).
– Clinique : le motif d’appel était pour 6 cas sur 7 de l’ataxie, pour 1 cas sur 7 une toux et une gêne respiratoire importante à l’effort. L’ataxie observée dans tous les cas était parfois associée à des tremblements (shivering 2 /7), à de l’hyperesthésie (1/7), à une atonie de la queue (1/7), à du jetage ou de la toux (2/7) et à une hyperthermie modérée (3/7).
– Examen nécropsique : un cheval a été autopsié par le service d’anatomie pathologique de l’AFSSA Dozulé. Aucune lésion macroscopique significative n’a été observée.
– Epidémiologie : 5 cas sur 7 étaient uniques dans l’effectif de chevaux concerné (âge des animaux atteints compris entre 2, 5 et 18 ans).
Aucun vétérinaire n’a mentionné l’observation de symptôme respiratoires compatibles avec la forme respiratoire de la rhinopneumonie sur les chevaux appartenant au même effectif que les cas. Deux cas sur 7 ont été observés dans un même centre équestre ayant de façon récurrente des épisodes de toux sur l’ensemble de l’effectif.
Seuls 2 chevaux sur 7 étaient vaccinés depuis moins d’un an vis-à-vis de la rhinopneumonie. Un seul cheval sur les sept avait été récemment déplacé (quelques jours avant le début des symptômes) pour participer à une course. Les autres chevaux n’avaient pas quitté leur lieu de stationnement depuis au minimum 3 mois.
– Examens complémentaires de laboratoire : du liquide céphalo-rachidien a été obtenu pour seulement deux chevaux (dont 1 post-mortem). Des résultats négatifs ont été obtenus en PCR EHV1-EHV4 sur le LCR. Des sérologies Neospora, Borrelia, Ehrlichia, Sarcocystis et Borna ont été réalisées pour 3 des 7 chevaux au LDFD et à l’AFSSA Alfort. Deux chevaux sur 3 ont présenté une sérologie positive vis-à-vis de Neospora (1/80 – limite du seuil de positivité). Un cheval a été détecté positif vis-à-vis du virus Borna. Les autres analyses sérologiques se sont avérées négatives.
(1) Afssa
(2) Laboratoire Départemental Frank Duncombe