Le point sur les Méningoencéphalites Equines à Protozoaires (ou EPM) – bulletin n°6
Pierre-Hugues PITEL (1) et Guillaume FORTIER (1)
Les Méningoencéphalites Équines à Protozoaires (MEP ou EPM) sont depuis plus de 10 ans les premières causes de maladies nerveuses chez les chevaux sur le continent américain. L’agent étiologique principal, Sarcocystis neurona a été identifié en 1997. L’hôte définitif actuellement reconnu est l’Opossum (Didelphis virginiana et D. albiventris). Ce marsupial, uniquement présent sur le continent américain est totalement absent du continent européen à l’état sauvage. Ces dernières années, deux autres protozoaires proches de S. neurona se sont révélés être responsables de MEP : Neospora caninumet Neospora hughesi. Le cycle de ces deux espèces du genre Neospora est encore mal élucidé. Le chien a été expérimentalement trouvé comme un hôte définitif, aucun autre élément de cet ordre n’est connu pour N. hughesi.
Si le répartition de N. caninum est mondiale chez les bovins, peu d’éléments sont disponibles sur sa prévalence dans l’espère équine. En France, nous avons pu démontrer une séroprévalence de 10%, ce qui témoigne de l’existence d’un contact entre Neospora et l’espèce équine. Le diagnostic ante mortem des MEP repose actuellement sur la recherche d’anticorps anti-protozoaires dans le sérum et le LCR des chevaux suspects. En effet une recherche d’anticorps dans le sang ne suffit par puisque jusqu’à 50% des chevaux américains ont des anticorps sériques anti-S. neurona. Il demeure donc indispensables de rechercher les anticorps dans le LCR en s’entourant de contrôles de non-contamination pouvant intervenir lors de la ponction ou par rupture de la barrière hémo-méningée (Quotient Albumine et Index IgG). Il existe aussi des méthodes directes de recherche du parasite notamment par amplification génique (PCR). Actuellement ces techniques sont peu utilisées car il semble qu’il n’y ait que très peu de parasites libres dans le LCR. De plus, il paraît important de choisir un site de ponction le plus proche possible de la zone lésée suspectée. Le diagnostic post mortem repose sur la mise en évidence de lésions histologiques et surtout sur le mise en évidence du parasite par PCR ou par immunohistochimie.
Dans le cadre d’une collaboration avec l’AFDDA-Dozulé, et avec le concours de vétérinaires praticiens motivés, un réseu de surveillance des MEP s’est mis en place. Actuellement les recherches d’anticorps sont encore réalisées aux États-Unis. Mais avec le concours du Pr Lindsay, et en collaboration avec le service d’immunologie et d’immunopathologie du CHU de Caen, la mise en place du Western Blot est en cours. Sont par contre réalisées au LDFD 14 les sérologies Neospora sp., les PCR S. neurona et les PCR N. caninum. en effet, les amorces utilisées sont spécifiques de N. caninum et ne reconnaissent pas N. hughesi. Actuellement 32 chevaux ont été testés (31 sérums disponibles et 14 LCR). Les résultats sont résumés dans le tableau 1.
Parmi les chevaux positifs (sérums et LCR), seuls 2 ont voyagé aux États-Unis, mais les autres n’ont jamais résidé sur le continent américain. Cette constatation pose la question d’un potentiel cycle deS. neurona sans implication de l’Opossum.
(1) Laboratoire Départemental Frank Duncombe