par Stéphane CHAFFAUX (1)
Mis en place en octobre 2008, le sous réseau s’est progressivement développé. Après trois saisons d’existence, il est nécessaire de faire le point sur les acquis, les manques par rapport aux objectifs fixés lors de sa création et les améliorations nécessaires afin de répondre d’avantage aux attentes des éleveurs.
L’avortement en France selon les déclarations RESPE
La progression du nombre de déclarations a été rapide au début, puis elle a marqué un certain ralentissement au cours de la dernière saison. La Basse-Normandie est la région déclarante – majoritaire (graphique 1), ce qui est normal puisque c’est la première région d’élevage équin. Cependant, elle est surreprésentée par rapport aux autres régions (64% des déclarations de l’effectif total). La couverture nationale est importante, mais pas totale (46 départements déclarants).
Pour les trois saisons d’existence de ce collège, les déclarations proviennent en majeure partie d’élevages (89% des déclarations). Élevages majoritairement de chevaux de sang : Pur-sang, Trotteurs et Selles français, les élevages de juments lourdes (4%) et de ponettes (6%) restant très largement sous représentés (graphique 2).
Autre constatation (faite à partir des données recueillies pendant ces trois années) : un quart des écuries ne pratique pas la vaccination de leur cheptel, contre le virus HVE 1.
Il est important de souligner que la plupart des données épidémiologiques et cliniques sont encore manquantes et/ou incomplètes dans de nombreuses déclarations ; même avec la mise en place de la déclaration en ligne début 2011 (cf. tableau 1).
Résultats des recherches des principales causes d’avortements infectieux et contagieux : herpès viroses, artérite virale et leptospirose
Les résultats d’analyses ont conduit à plusieurs conclusions :
– L’Herpès Virus de type 1 est une cause importante d’avortement chez la jument. En effet, il est responsable de 5,3% des avortements ces trois dernières années. Ce pourcentage est stable d’une année pour l’autre et similaire au taux observé dans d’autres pays (USA et GB).
– Les avortements à HVE 4 sont relativement rares puisque seulement 3 cas ont été diagnostiqués pour les trois saisons : deux fois dans les organes de l’avorton et une fois dans le placenta. Ce virus est une cause d’avortement peu fréquente (0,51% des avortements).
– L’Artérite Virale Équine (AVE) n’a été diagnostiqué qu’une unique fois au cours des trois saisons. Détectée chez un poulain mort dans les 48h après sa naissance, il s’agit d’une infection in utero, ce cas peut donc être considéré comme un avortement.
– L’infection par les leptospires est seulement suspectée car aucune leptospire n’a été mise en évidence par PCR, durant ces trois saisons. Pour 8% des avortements (25/309), la sérologie a révélée des taux d’anticorps supérieurs ou égaux à 1/1600. Si on associe l’observation de symptômes généraux à ces taux élevés, cette infection est probablement la cause de 3% d’entre eux (9/309).
Perspectives pour ce réseau
Les objectifs fixé par le RESPE, lors de la création de ce sous-réseau fondé sur l’épidémiologie passive, ont été globalement atteints. La surveillance des trois types d’avortements contagieux a permis la diffusion d’alerte lors de cas positifs.
Mais, afin d’augmenter les informations épidémiologiques en vu d’étudier la circulation de ces agents pathogènes dans les élevages et l’évaluation de la vaccination, un suivi des foyers positifs et/ou suspects doit être mis en place. Ce suivi permettra également de préciser le diagnostic lors de suspicion de leptospirose.
Une description de l’échantillon collectées ces trois dernières années sera complétée. Cette analyse pourra justifier de l’efficacité et de la pertinence de ce collège, et donc améliorer les moyens mis en place par le RESPE.
Par ailleurs, cette surveillance des agents pathogènes contagieux devrait être augmentée par une recherche encore plus approfondie sur les causes d’avortements, dans le but de répondre totalement aux attentes des praticiens et des éleveurs.
(1) INRA