Le virus West Nile – Bulletin n°35

par Sylvie LECOLLINET (1), Cécile BECK (1), Sophie PRADIER (2), Benoît DURAND (1), Pierre TRITZ (3), Agnès LEBLOND (3,4), Stéphan ZIENTARA (1)

La fièvre West Nile (WN) est une arbovirose. La fréquence accrue des cas humains et des épizooties ces quinze dernières années en Europe dans les pays du pourtour  méditerranéen et en Amérique du Nord a de quoi inquiéter.

Le virus de la fièvre WN appartient à la famille des Flaviviridae et au genre flavivirus. Ce genre regroupe de nombreux agents pathogènes importants pour l’homme et transmis par des arthropodes (moustiques et tiques en particulier) tels que ceux de l’encéphalite japonaise, de la dengue, de la fièvre jaune, de l’encéphalite à tique.

Le cycle de transmission naturel du virus WN implique des moustiques vecteurs et un réservoir animal aviaire. L’homme et le cheval sont des hôtes accidentels du virus et sa transmission à l’homme ou au cheval se fait généralement par piqûre d’insecte. Chez les équidés, une atteinte nerveuse n’est rapportée que dans 10% environ des infections à virus WN avec des signes d’appel comme l’ataxie et la parésie ou paralysie des membres postérieurs.

Aux Etats Unis, le virus a émergé en pleine ville de New York en 1999 et sa diffusion rapide sur le continent a causé plus de 40 600 cas humains et 1 700 décès ainsi que plus de 25 000 cas équins, ce qui a entraîné un regain d’intérêt pour cette maladie.

En revanche, la présence du WN en  Europe est ancienne, rapportée dès les années 1960 : des cas équins et humains étaient alors décrits en France dans la région de la Camargue. Après un long silence de plus de 30 ans, le virus WN a réémergé en Europe à la fin des années 1990, causant des foyers sporadiques d’ampleur limitée à importante (Roumanie 1996, Russie 1999). Plus récemment, un regain d’activité du  virus WN a été observé et a culminé en 2010, avec une flambée sans précédent d’épizooties équines et de cas humains dans de nombreux pays européens et du pourtour méditerranéen (Bulgarie, Espagne, Grèce, Hongrie, Italie, Portugal, Roumanie et Russie).

Dans un contexte européen en pleine évolution et puisque le cheval est une sentinelle précieuse du risque d’infection pour l’homme, la surveillance renforcée des affections nerveuses chez l’homme et le cheval ainsi que la vigilance des praticiens équins sont essentielles dans la lutte contre la fièvre WN.

(1) ANSES
(2) Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse
(3) Co-responsable du sous-réseau Syndrome Neurologique
(4) Ecole Nationale Vétérinaire de Lyon