Les indicateurs de performance pour le pilotage des réseaux de surveillance – bulletin n° 27

Pascal HENDRIKX (1)

La finalité des réseaux de surveillance épidémiologique est de produire des informations sur les maladies animales afin de pouvoir orienter les décisions en matière de lutte. Par conséquent, une lutte efficace doit nécessairement s’appuyer sur des réseaux de surveillance épidémiologique fonctionnels, produisant des informations sanitaires de bonne qualité. L’évaluation des réseaux de surveillance épidémiologique est un point clé pour s’assurer de leur efficacité. Il est en effet indispensable de disposer d’éléments concrets permettant d’identifier les points faibles de leur fonctionnement pour proposer les mesures les mieux adaptées à leur amélioration, ce qui aura pour conséquence d’améliorer la qualité des informations épidémiologiques produites au cours du temps.

L’élaboration d’indicateurs de performance est un des moyens d’effectuer une évaluation de la qualité de fonctionnement d’un réseau. Ces indicateurs sont définis comme des « variables en nombre limité, réunies dans un tableau de bord, qui permettent de calculer en continu le niveau de réalisation des activités prioritaires d’un réseau de surveillance épidémiologique afin d’en faciliter le pilotage ».

Plusieurs notions fondamentales sont attachées à cette définition :

– Le terme de variables signifie que l’on s’intéressera avant tout à des éléments dynamiques du réseau qui évoluent en fonction de ses activités (par exemple la réalisation de prélèvements, la tenue de réunions) ;

– La notion de limitation du nombre des indicateurs implique qu’un choix devra être fait parmi les indicateurs les plus pertinents (prioritaires) de manière à produire un tableau de bord cohérent et simple d’utilisation ;

– La finalité des indicateurs est bien le pilotage du réseau. C’est la raison pour laquelle les acteurs du réseau sont impliqués dans leur développement et en sont les premiers utilisateurs, voire les seuls.

L’évaluation de la performance d’un réseau doit porter sur ses trois composantes principales : sa production (l’information épidémiologique), son organisation et ses acteurs.

La performance de la production dépend de la qualité du dispositif de détection, d’investigation et d’analyse des cas de maladie. La performance de l’organisation dépend de la coordination (objectifs de surveillance et supervision des acteurs) et de la communication. La performance des acteurs dépend de leur socialisation (leur intégration dans le groupe), de leur engagement et de leur possibilité à se comparer aux autres. Cette organisation permet de synthétiser les indicateurs dans un tableau de bord qui suit l’agencement du Tableau I (en annexe).

L’élaboration des indicateurs suit une démarche méthodique qui se déroule en cinq étapes : (i) la description de l’environnement et du fonctionnement du réseau, (ii) la détermination des activités prioritaires du réseau, (iii) la construction des tableaux de bord et des indicateurs de performance, (iv) la mise en place et le suivi du système, (v) l’audit et la mise à jour des indicateurs de performance.

On constate donc que l’élaboration des indicateurs implique une analyse approfondie du réseau pour permettre d’en identifier les points clés du fonctionnement. Certains réseaux sont parfois conduits, au cours de cette analyse, à identifier et corriger des problèmes de fonctionnement avant de pouvoir poursuivre l’élaboration des indicateurs. C’est la raison pour laquelle l’engagement dans cette démarche doit être décidée par les instances de pilotage du réseau qui doit en valider les principes puis les résultats.

La mise en oeuvre pratique de la démarche est effectuée par une équipe d’animation dont la taille et la composition dépend de l’organisation du réseau. Les étapes clés de la démarche (choix des activités prioritaires et des indicateurs) s’appuient sur un groupe de travail qui réunit les principales catégories d’acteurs du réseau (vétérinaires sentinelles, laboratoires, professionnels, etc.).

Le résultat de l’ensemble de la démarche se présente sous la forme d’un tableau de bord décrivant chacun des indicateurs, la fréquence de calcul, la valeur attendue et le résultat obtenu par le réseau pour chacun des indicateurs au cours d’une période donnée.

Un exemple de tableau de bord est donné pour le réseau de surveillance des maladies infectieuses nerveuses des équidés en Camargue qui avait été initié de manière pilote en 2004 (Tableau II en annexe).

Le tableau de bord est généralement décliné à l’échelon central du réseau, mais il peut l’être également pour chacune des unités administratives de la zone couverte voire pour chacun des acteurs.

Selon la taille et la complexité du réseau et la disponibilité de ses acteurs, cette démarche prend de quelques semaines à quelques mois. Mais une fois le tableau de bord produit, il faut veiller à ce que les indicateurs de performance soient régulièrement calculés. Pour cela, il convient que le système d’information du réseau prenne totalement en compte les données nécessaires au calcul des indicateurs de performance de manière à se rapprocher le plus possible d’une automatisation de ce calcul. L’interprétation du résultat des indicateurs est effectuée par le comité scientifique du réseau qui a alors des éléments concrets pour proposer des axes d’amélioration de la performance.

Le développement technique et thématique du RESPE rendent son pilotage de plus en plus exigeant en temps et en outils à mobiliser. Les indicateurs de performance seraient sans nul doute un outil intéressant dans la panoplie des animateurs et décideurs du réseau pour, d’une part, vérifier le fonctionnement correct du réseau et être en mesure d’apporter les améliorations nécessaires et, d’autre part, apporter à l’ensemble des partenaires de la surveillance les preuves d’un pilotage efficace et d’une surveillance performante.

(1) Afssa

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