
Poids et santé du cheval – partie 2
Quelles solutions pratiques pour gérer le surpoids de son cheval ?
La nécessité d’une gestion adaptée à chaque couple propriétaire-cheval
Le premier obstacle à la gestion des situations de surpoids chez le cheval est le propriétaire lui-même. En effet, des études sociologiques montrent qu’il a souvent une mauvaise appréciation de l’état d’embonpoint de son cheval, une méconnaissance des conséquences pour sa santé, une crainte de la perte du lien avec son cheval :
- « Il n’est pas gros, c’est sa morphologie, il est fait comme ça »
- « Vous voyez bien qu’il n’est pas malade, il est en pleine santé »
- « Je ne savais pas que le surpoids était dangereux pour sa santé »
- « Le régime, c’est la guerre »
- « Il y a trop de conséquences négatives immédiates sur le bien-être du cheval »
- « Notre relation va se détériorer »
Pour aller plus loin : https://beva.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/evj.13360).
Une fois la situation acceptée et la prise de conscience de son impact sur la santé réalisée, le propriétaire a besoin d’accompagnement et de motivation pour la bonne réussite de la démarche de diminution du poids de son équidé. Les professionnels du cheval, vétérinaire, vétérinaire-nutritionniste, maréchal, éthologue, sont là pour l’aider à trouver la stratégie de gestion du poids adaptée à sa situation personnelle.
En effet, le suivi de chaque animal est nécessairement personnalisé pour tenir compte de tous les paramètres qui lui sont propres, avec un objectif de poids de forme à l’année :
- prédispositions de la race et du format, prédispositions génétiques,
- saison,
- mode d’hébergement : box, paddock, pré…,
- niveau, quantité et fréquence de l’exercice,
- nature, qualité, quantité d’aliments reçus.
La gestion du surpoids passe obligatoirement par une restriction énergétique, et en sucre, est primordiale. Elle doit être progressive et adaptée, dans une approche holistique intégrant santé, nutrition, sport et bien-être.
Attention, rigueur et constance sont indispensables : une seule exposition à l’excès de sucre suffit pour déclencher un pic d’insuline qui peut entrainer une récidive ou une exacerbation de la fourbure.
Quelles solutions pratiques de gestion des situations de surpoids ?
1/ Limiter voire éliminer l’accès à l’herbe :
- Maintenir dans un paddock avec peu d’herbe ou dénudé
- Restreindre l’accès au pâturage : pâturage au fil pour diminuer la surface accessible. Éviter la restriction en durée de pâture qui encourage l’animal à manger 2 fois plus vite

Accès restreint à la pâture © P. Doligez

Paddock quasi dénudé © P. Doligez
- Proposer des surfaces où l’herbe est à un stade avancé (plus de 15 cm, entre 5 et 15cm c’est là qu’elle est la plus riche)
- Faire pâturer derrières des refus d’autres animaux
- Utiliser des muselières : elles ont une ouverture plus ou moins grande qui permet à l’animal de brouter de manière restreinte. Elles demandent un temps d’adaptation et ne peuvent être portées en permanence. Attention à ne pas les utiliser lorsque l’herbe est trop haute.
© Greengard

© Thinline

© Norton
2/ Limiter voire supprimer les surplus de carbone :
- Pas de granulés, céréales, floconnés ect. Une ration de fourrage répartie sur la journée apporte les calories et éléments nutritifs nécessaires.
- Remplacer les « bonbons » par des récompenses non-énergétique (clicker) et/ou active (demandant un effort pour l’obtenir).

Exemples de récompenses non-énergétiques et demandant un effort

© Dr I.Desjardins
3/ Adopter le fourrage, qui doit constituer la ration de base :
- Quantité de fourrage : 1,5 à 2% du poids vif en foin sec, à diminuer à 1-1,5% du poids vif pour un cheval surpoids.
- Qualité du fourrage : pauvre en énergie (sucre et amidon) et équilibré en minéraux / vitamines, sans poussière ni moisissure. Éviter les foins très riches. Le foin trempé 6 à 8h permet de diminuer sa richesse.
- Accès au fourrage : ne pas le laisser à volonté, ni fournir en une seule fois. Fragmenter les repas tout au long des 24h. L’utilisation de filets à toutes petites mailles ou de slowfeeder permet la répartition de l’accès au fourrage tout au long de la journée.

© D. Bardou

© Agroscope-HNS

© D. Bardou
- Encourager un accès actif à l’aliment : pâturage actif, répartition du fourrage en différents points, mangeoires automatiques…
Attention : ces modifications des habitudes alimentaires doivent être progressives et mises en place en concertation avec votre vétérinaire.
4/ Faire des exercices, adaptés à chaque animal, avec une augmentation graduelle du niveau d’intensité et de la fréquence. Imaginer des exercices différents, sans monter sur le cheval : balades en longes, longues rênes, attelage, encourager les jeux (jouets, autres espèces)…
Plus d’info sur pourquoi et comment identifier le surpoids : lien vers l’article poids et santé partie 1
Pour revoir la webconférence d’Isabelle Desjardins c’est par ici :