Point sur la situation de la grippe en France, d’après les données collectées par le sous-réseau « Syndrome Respiratoire Aigu (SRA) » – Bulletin n°28

Loïc LEGRAND (1) à la demande du collège S.R.A. du RESPE

Synthèse épidémiologique

De janvier à Août 2010, le réseau SRA a enregistré 132 déclarations. Elles ont fait l’objet d’une recherche systématique du virus de la grippe équine et du virus de l’artérite virale équine. De plus, depuis la fin du mois de mai, les herpèsvirus équin de type 1 et 4 (HVE1 et 4) sont également recherchés et une détection de l’ensemble des herpèsvirus équins est réalisée, à titre informatif. Ce protocole plus complet a été mis en œuvre pour 60 cas.

Si on compare les données de 2010 à celle de 2009, il s’avère qu’à la même époque, 187 déclarations avaient alors été enregistrées, mais ces chiffres sont un peu trompeurs car les données 2009 rapportent l’épisode « Grippe Grosbois ». En effet, entre février et avril 2009, celui-ci a fait l’objet de 121 déclarations (voir bulletin du RESPE n°26), avec un taux de 10.7% de grippes confirmées. L’année 2010 semble être comparable aux autres années avec quelques cas sporadiques et isolés puisque sur les 132 cas déclarés en 2010, seulement 4 proviennent de foyers de taille modeste (1 haras et 3 centres équestres). Lors de la crise de 2009, le fait que le virus ait touché un des plus gros centre d’entraînement d’Europe a eu pour conséquence que l’épizootie, après avoir affectée un certain nombre de chevaux au sein même du centre, se soit étendue à l’ensemble du territoire lors du retour des chevaux sur leur lieu de stationnement habituel ou au haras pour leur convalescence.

Quelles souches circulent actuellement en France ?

Depuis plusieurs années, en France et en Europe, circule le lignage américain et plus particulièrement le cluster floridien, auquel appartient la souche « South-Africa » recommandée pour la composition des vaccins par l’Office Internationale des Epizooties (OIE). Ce dernier se divise en deux clades, 1 et 2, et circulent à travers le monde. Depuis 2005, le clade 2 semble prédominer sur le sol français puisqu’il représente la majorité des foyers répertoriés en 5 ans. Le clade 1 n’a été décrit qu’une seule fois en France, mais à l’occasion d’une épizootie majeure puisqu’il s’agît de l’épisode survenu à Grosbois en 2009 et des foyers associés. Depuis la fin 2009, le clade 2 a repris ses droits puisque l’ensemble des souches isolées à partir des foyers répertoriés en 2010 appartiennent au lignage américain, cluster floridien, clade 2 (voir figure).

Cluster floridien légendé RESPE - 2010

Qu’en est-il des herpèsvirus ?

Depuis mai 2010, les HVE-1 et 4 sont systématiquement recherchés lors des déclarations. Sur les 60 recherches effectuées, seul un HVE-4 a été retrouvé et aucun HVE-1 n’a été mis en évidence. Il est un peu tôt pour évaluer l’incidence de ces virus dans l’étiologie du syndrome respiratoire aigu, compte tenu de la période étudiée et du nombre encore restreint de cas déclarés à ce jour. Un bilan plus complet sera effectué au début de l’année 2011.

Quelques perspectives…

D’autres virus semblent être particulièrement impliqués dans les syndromes respiratoires aigus, tels que certains gamma herpèsvirus et notamment l’herpèsvirus équin de type 2 (HVE-2). Il semble en effet que ce virus soit assez souvent associé à ce type de pathologie, aussi serait-il intéressant d’en évaluer l’incidence.

D’autres virus pourraient aussi être associés à ce syndrome, comme les rhinovirus de type A et B (ERV A et B). En effet, dans une étude réalisée dernièrement en France, des ERVB ont été mis en évidence, c’est également le cas pour d’autres pays européens, tel l’Irlande. Ces virus, appartenant à la famille des Picornaviridae, sont responsables d’affections pouvant varier de la forme asymptomatique à une atteinte sévère des voies respiratoires hautes. Ce sont les principaux agents des rhumes chez l’Homme.

Ces virus sont autant de pistes à explorer afin d’affiner le diagnostic étiologique du syndrome respiratoire aigu et, par la suite, de mettre en œuvre une prophylaxie adaptée.

(1) Cchef du service de Virologie-Biologie Moléculaire-LFD