Pourquoi identifier Streptococcus equi? – bulletin n°18
Xavier D’ABLON (1)
Parce que :
1. La contagiosité est importante
2. Le traitement est spécifique
3. Les complications sont graves
La gourme est un syndrome infectieux bien différent des autres infections streptococciques chez le cheval, en particulier de celle à Streptococcus equi subsp zooepidemicus. L’agent de la gourme estStreptococcus equi subsp equi.
Les signes cliniques de la gourme dans sa forme aigue classique sont caractéristiques (fièvre, jetage, adénopathie). Mais il existe suivant l’âge et le degré d’immunité des chevaux des formes plus ou moins frustes. Dans tous les cas, il y a un intérêt à mettre en évidence S. equi subsp equi. En effet :
1- La gourme a une épidémiologie particulière
La gourme présente des spécificités épidémiologiques :
– Une morbidité importante : jusqu’à 70% d’un effectif peut se trouver atteint. L’indisponibilité moyenne des chevaux est de 20 jours et le temps d’éradication de 3 mois minimum.
– Un mode de transmission compliqué : il faut savoir que les chevaux convalescents restent excréteurs pendant plusieurs semaines (jusqu’à 6 semaines après la disparition des signes cliniques).
Par ailleurs, 10% des chevaux deviennent porteurs chroniques après la guérison clinique : ils peuvent héberger S. equi pendant des mois dans leur poches gutturales. Détecter ces porteurs asymptomatiques est fondamental dans la gestion d’un foyer de gourme.
2- Les traitements en sont bien spécifiques
Le traitement doit être adapté à cette affection particulière, en fonction de son stade et de sa sévérité. Beaucoup de cas ne nécessitent pas de traitement particulier, ou seulement un simple traitement de support. Les antibiotiques peuvent être contre indiqués (abcès en maturation). Quand ils sont nécessaires (stade non abcédatif), l’antibiotique de choix est la pénicilline, contre laquelle S. equi subsp equi n’a pas développé de résistance. En cas d’empyème des poches gutturales, un traitement local spécifique doit être institué.
3- 20% des chevaux développent des complications qui sont souvent graves
– La forme erratique ou « bâtarde » :
il s’agit d’abcédation métastatique. Outre les sinus et les poches gutturales, les sites d’infection sont les poumons, le mésentère, le foie, la rate, les reins, et le système nerveux central. Ces infections peuvent être mortelles, en particulier les bronchopneumonies suppurées.
– Les complications à médiation immune :
Le purpura hémorragique est une vascularite aseptique nécrosante, plus ou moins sévère, se manifestant classiquement par de l’œdème sous-cutané et des pétéchies et ecchymoses des muqueuses. La nécrose cutanée peut être grave et conduire à l’euthanasie. La vascularite peut aussi conduire à une myopathie par infarction musculaire. Un autre type de phénomène immunitaire peut provoquer une myosite avec atrophie musculaire progressive. On observe également une glomérulonéphrite ou une myocardite d’origine immunitaire.
(1) Clinique vétérinaire de la Côte Fleurie