Quoi de neuf sur la rhodococcose équine ? – Bulletin n°31

Retour sur le Colloque Hippolia – Anses

par Xavier D’ABLON (1)

Le Workshop international sur la rhodococcose équine, qui a lieu tous les 4 ans et qui regroupe les meilleurs spécialistes et chercheurs du monde sur le sujet, se tenait cette année à Deauville. Au lendemain de ce rendez-vous scientifique important, la fondation Hippolia et l’ANSES organisaient le 12 juillet 2012 à Dozulé un Colloque à l’attention des vétérinaires praticiens et des professionnels de la filière équine. Plusieurs grands spécialistes du sujet ont pu présenter une synthèse sur les différents aspects de cette maladie, autour de Claire Laugier, directrice du Laboratoire de pathologie équine de l’ANSES Dozulé.

La densité des chevaux dans un élevage est un facteur de risque avéré. N D Cohen (Texas A&M University,Etats Unis) a ainsi rappelé quelques bases du consensus sur la rhodococcose, fondé sur les principes de l’evidence based medecine, publié par l’ACVIM en 2011. Il n’existe malheureusement pas de preuves concluantes sur l’effet des différentes pratiques d’élevage, hormis la réduction de la densité en individus. L’isolement des poulains malades n’est probablement pas nécessaire. L’antibioprévention par les macrolides n’est pas recommandée car elle génère des résistances et les preuves de son efficacité sont contradictoires.

Jackie Tapprest (ANSES Dozulé) a présenté les résultats d’une enquête dans les élevages bas-normands. Aucune pratique ne permet de différentier les élevages atteints des élevages indemnes. La taille de l’élevageet la densité des animaux sont des facteurs de risque prépondérants. Viennent ensuite le mélange de lots d’animaux (chevaux de passage et absence de quarantaine) et le partage des locaux, les poulinages tardifs (mai-juin), et enfin la climatologie et la présence de poussière.

Le diagnostic de la rhodococcose a été traité par Steeve Giguère (Canada). Le consensus actuel est de faire le diagnostic sur un prélèvement trachéal par culture bactériologique ou PCR (amplification de vap A). Mais en raison du nombre de faux positifs, le diagnostic définitif doit être fondé sur la présence concomitante d’un des signes cliniques suivants :

– signes cliniques d’infection respiratoire profonde

– examen cytologique montrant uneinflammation respiratoire suppurative

– infection respiratoire profonde visible à l’échographie ou à la radiographie

La culture doit être préférée car elle permet de détecter d’autres pathogènes éventuels et de faire un antibiogramme (il y a de plus en plus de résistances). Que ce soit en cas d’infection respiratoire ou d’entérocolite, la culture sur les fèces n’est pas fiable.

Monika Venner (Allemagne) a ensuite abordé le sujet du traitement. La monothérapie est toujours déconseillée (apparition de résistances). L’utilisation des antibiotiques retard (comme la tulathromycine) n’est pas validée. La Rifampicine, antibiotique lipophile, pénètre bien dans les abcès et en intracellulaire et à ce titre est toujours indiqué. L’erythromycine est obsolète en raison de ses effets secondaires et de sa fréquence d’administration élevée. L’azithromycine et la clarithromycine ont peu d’effets secondaires,une bonne pénétration intracellulaire et peuvent être utilisées en association avec la rifampicine. La durée du traitement est de 4 à 6 semaines. Il ne faut pas débuter un traitement trop tôt et se fonder sur des critères fiables : présence de signes cliniques (en particulier présence de dyspnée et numération leucocytaire > 22 000) et lésions échographiques de 50 à 80 mm (score cumulé). Sur le terrain, dans l’expérience de M. Venner, 60% des poulains ne sont pas traités. Désormais le suivi échographique ne s’adresse qu’aux foals présentant des signes cliniques et n’est plus utilisé à titre de dépistage. Les foals une fois traités sont suivis à l’échographie deux fois par semaine.

Il existe de nombreuses perspectives prometteuses en terme de vaccination, comme en ont témoigné J. Cauchard (ANSES Dozulé) et Vasquez Boland (Edinburgh). En revanche,l y a peu d’études sur les autovaccins dont l’utilisation pourrait être remise en question par la variabilité des souches sur le terrain (plusieurs souches sur le même élevage et plusieurs souches sur un même foal).

L’importance des travaux de recherche conduits par les équipes dans le monde entier et en particulier en France est remarquable. Il faut retenir entre autre de ces journées la menace réelle du développement de souches résistantes aux antibiotiques et la sur-utilisation de l’antibiothérapie sur le terrain.

(1) Clinique vétérinaire de la Côte Fleurie (14)