Recensement des cas de myopathie atypique – bulletin n°20

Dominique VOTION (1)

Les divers épisodes de myopathie atypique ont été l’occasion de définir et d’affiner le dispositif de surveillance de ce syndrome.

Afin de dresser une liste unique des cas de myopathie atypique déclarés en Europe, il a été nécessaire d’établir une série de critères qui soient acceptables pour la majorité des vétérinaires de terrain concernés tout en gardant à l’esprit le degré d’urgence de chaque déclaration. Un fichier d’enregistrement rapide des cas a été élaboré à cette fin (Tableau 2). Il a pour objectifs :

1) d’informer de façon hâtive le secteur équin de la nécessité de mettre en place les mesures préventives de la myopathie atypique,

2) de préciser les caractéristiques cliniques des cas,

3) de décrire l’évolution de la situation épidémiologique spatiotemporelle.

Outre leur rôle de tocsin, les vétérinaires sentinelles permettront aux scientifiques cherchant à identifier la cause et/ ou à comprendre le mécanisme physiopathologique de la myopathie atypique d’avoir rapidement accès aux animaux et/ ou pâtures à examiner pour la récolte d’échantillons qui ne souffre d’aucun délai.

A ces informations s’ajoutent celles issues de questionnaires clinique et épidémiologique envoyés au vétérinaire et propriétaire du cas, respectivement. Les données comprises dans ces fichiers sont une source de savoir scientifique capitale pour comprendre la myopathie atypique et suivre son évolution.

En effet, cet automne nous aura gratifié de la survie de 18 chevaux. L’étude approfondie de leur dossier permettra éventuellement de déterminer les facteurs qui ont participés à leur résistance et/ ou à définir les signes cliniques qui participent au pronostic vital. Une lecture succincte du fichier d’enregistrement rapide des données confirme le peu d’intérêt du dosage de la créatine kinase pour établir un pronostic de viabilité : la valeur la plus haute (*) a été dosée chez un survivant. Néanmoins, le dosage de cet enzyme musculaire reste un outil clé du diagnostic de la myopathie atypique.

Cet automne aura également rappelé qu’il existe des cas asymptomatiques (**). L’importance de la dyspnée (expiratoire) semble être un facteur nettement plus intéressant pour poser un pronostic : la mort survenant généralement suite à la détérioration rapide de la respiration. A noter aussi cet automne, un plus grand nombre de chevaux dysphagiques et un pourcentage non négligeable de chevaux qui sont restés en station debout (dont 8 parmi les survivants).

Le suivi des survivants de la myopathie atypique va nous permettre de répondre à une question cruciale : « Quel est le niveau de récupération fonctionnelle (i.e. musculaire et cardiaque) de ces chevaux à moyen et à long terme ? ». Il nous permettra éventuellement de mettre en évidence une réponse immunologique lorsque l’agent étiologique sera cerné.

(1) Université de Liège

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