Retour sur les 20 ans du RESPE
« En juillet 1999, le Respe est créé par une cinquantaine de vétérinaires praticiens, associés à des épidémiologistes, des infectiologues du laboratoire Franck Duncombe, de l’Anses. Ce réseau, au sein de l’Associtaion vétérinaire équine française, venait combler un manque de connaissances épidémiologiques sur les affections équines et devenait un système d’information et d’alerte en cas de crise, hors maladies réglementées. Le premier sous-réseau sera celui de la grippe, sur le modèle de celui de médecine humaine.
En 2008, ce réseau s’ouvre et associe l’ensemble des acteurs de la filière équine, dans une gouvernance partagée. Nous voici en 2019… quel chemin parcouru !
Historiquement, le Respe a permis d’apporter une réponse structurante face aux enjeux sanitaires de la filière. La France fait patrie des grandes nations d’élevage et de compétition hippiques. Sa particularité est d’être un carrefour géographique qui subit une forte circulation d’équidés. La protection sanitaire doit donc y être beaucoup plus élevée que dans des pays insulaires dont la biosécurité est plus facile à assurer.
Continuer de relever le défi d’une politique sanitaire réaliste économiquement et efficace techniquement, tel est l’enjeu majeur de ce réseau pour accompagner les éleveurs, les agriculteurs diversifiés dans le cheval, les détenteurs professionnels et amateurs dans un perfectionnement de leurs pratiques sanitaires, en s’appuyant sur plus de 850 vétérinaires sentinelles qui assurent une veille sanitaire.
Le Respe est un formidable outil, avec une gouvernance sanitaire partagée entre les socioprofessionnels de la filière et des vétérinaires représentant la profession. Ce réseau, en format associatif, est porteur des actions sanitaires collectives décidées par la gouvernance professionnelle. Il est le support de programmes collectifs volontaires, notamment autour des maladies non réglementées aujourd’hui comme les herpèsvirus, la grippe, la gourme, la piroplasmose. Mais il est également un outil de veille pour des maladies réglementées dont certaines sont en recrudescence (West Nile, anémie infectieuse des équidés, etc.)
Mais il nous faut rester vigilants sur deux points. Tout d’abord, la recherche d’un financement pérenne est encore et toujours d’actualité. En effet, le Respe fonctionne avec plus de 90 % d’aides, essentiellement du Conseil départemental du Calvados, de l’IFCE, de la DGAL, du Fonds éperon et de la FNCF. À l’issue de la réforme de la gouvernance en santé animale, il est possible d’espérer qu’un prochain décret permettra à des réseaux d’épidémiosurveillance représentatifs d’une filière de lever des cotisations obligatoires auprès des détenteurs pour mener des actions sanitaires collectives.
Un autre frein à lever sera d’être les promoteurs d’une structuration européenne des pays à forte tradition équestre, avec la nécessaire transparence consubstantielle à l’efficacité d’un outil de surveillance et de biosécurité. Le Respe rassure nos homologues des pays voisins, le fait de déclarer tous les épisodes sanitaires, les épizooties et leur gestion sécurise les organisateurs de compétitions et de rassemblements, tant au niveau national que pour les importations et les exportations. Néanmoins, cette transparence nous fragilise parfois car elle est utilisée par certains de nos concurrents économiques dans d’autres pays pour nous dénigrer. La transparence d’un réseau d’épidémiologie est une condition d’efficacité, donc de succès. Il est donc indispensable que le Respe continue d’œuvrer en toute exhaustivité. Il nous faut profiter de notre leadership et de la réussite du réseau pour enclencher un mouvement internationalisation européenne de la surveillance sanitaire de la filière équine. Au niveau européen, le Respe doit ainsi s’inscrire dans une démarche d’entraînement des autres pays, afin de fédérer une politique sanitaire équine commune, et pas seulement dans le secteur des courses car les maladies équines n’ont pas de frontières et ne peuvent être cloisonnées.
Au niveau national, la mise en place de la visite sanitaire obligatoire en filière équine sera un instrument de prévention, de surveillance et d’action. Cela participe pleinement à la professionnalisation sanitaire de la filière et le Respe pourra appuyer sa politique de prévention de manière plus efficace, en relais de cette visite. Toujours au niveau national, le Respe pourrait promouvoir une section équine au sein du Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental (FMSE), avec pour mission d’indemniser les professionnels affiliés pour les incidents sanitaires, selon les programmes d’indemnisation élaborés au sein de la section. »
Jean-Yves GAUCHOT, Président du RESPE