Retour sur un cas particulier d’infection à HVE-4 – Bullentin n°30

par Stéphane PRONOST (1)

Le 30 décembre 2011, un cas de myéloencéphopathie à herpèsvirus 4 (HVE-4) a été suspecté et a fait l’objet d’une information par le RESPE.
Si les myéloencéphopathies à HVE-1 (MHVE) sont bien décrites (Lunn et al., 2007), les publications sur des cas d’affections nerveuses à EHV-4 sont extrêmement rares ( Thein et coll,1987 ,Benetka et coll 2002)
La présence de symptômes neurologiques chez ce cheval HVE-4 positif a attiré notre attention et nous a amené à pousser les investigations sur ce cas.

Historique

La 1ère visite a eu lieu le 28 décembre 2011. Le vétérinaire appelé pour une jument présentant des troubles du comportement a constaté qu’une jeune pouliche âgée de 9 mois présentait de l’abattement, de l’inappétence, une forte fièvre (40,2°C) et une ataxie importante. Elle semblait perdue, son regard était hagard. Elle présentait des signes respiratoires discrets (légère toux sèche) sans jetage et des ganglions sous mandibulaires un peu volumineux et douloureux. L’examen de la formule sanguine présentait une inversion de formule. Le lendemain, les signes nerveux avaient disparu, mais les symptômes respiratoires étaient encore présents ainsi que la fièvre..
Entre temps, le vétérinaire a déclaré ce cas dans le sous-réseau Syndrome Neurologique et envoie les prélèvements au laboratoire Frank Duncombe. Une recherche d’herpèsvirus est réalisée par PCR sur écouvillon nasal : HVE-1 négative ; HVE-4 positive avec une forte charge virale.

Le 5 janvier 2012, soit huit jours après la première visite, la 2ème visite confirme la disparition des signes neurologiques. La fièvre a également disparu et les signes respiratoires sont identiques à ceux observés précédemment.
Une nouvelle recherche d’HVE-4 est réalisée et se révèle positive avec une charge virale plus faible que la première analyse.

Le suivi de la charge virale (HVE-4) a été poursuivi et le dernier prélèvement analysé le 16 février 2012 a donné un résultat positif avec une très faible charge virale.

Discussion

Le cheval a bien présenté des signes neurologiques mais ceux-ci avaient disparu au bout de 30 heures. La présence d’HVE-4 a bien été détectée chez ce cheval.

Une relation de cause à effet n’a pas pu être établie compte tenu des informations disponibles. En effet, des informations complémentaires sont nécessaires face à un pathogène non reconnu comme responsable de ce type de pathologie.
Un syndrome neurologique concomitant à un passage viral respiratoire est fortement suspecté.

De plus, les infections à HVE forme nerveuse concernent majoritairement les chevaux âgés et jusqu’à ce jour, aucun cas n’a été décrit chez des chevaux de moins de 3 ans.

La recherche des virus Herpes autre que HVE-1 dans le cadre du sous réseau « syndromes nerveux » du RESPE mérite d’être poursuivie afin de préciser leur rôle dans les manifestations neurologiques et d’évaluer leur incidence chez le cheval en France.

(1) Laboratoire Frank Duncombe