Retrouvez la webconférence d’Anne Couroucé pour le RESPE : biosécurité et bien-être équin dans les grands évènements sportifs.
Notre experte, et présidente du Conseil scientifique et technique du RESPE, Anne Couroucé, a présenté, dans une webconférence réalisée en partenariat avec l’IFCE, les mesures de biosécurité et de bien-être à mettre en place dans les grands évènements sportifs.
Un partage d’expérience et des recommandations qui valent pour tous les évènements.
Qu’entend-on par biosécurité dans un évènement équestre ?
Selon le règlement de la FEI, la biosécurité dans les concours est un ensemble de règles à suivre et notamment :
- Pendant les 3 jours précédents le concours : prendre la T° matin & soir
- A l’arrivée sur le concours : vérification de leur certificat d’origine et prise de T°, qui est enregistrée (suivi et traçabilité)
- Pendant le concours : prise de T° matin & soir
A noter : la prise de T° a minima une fois par jour est indispensable : un cheval qui a 38,8°C ne va pas l’exprimer par d’autres symptômes, et sa situation sanitaire peut se dégrader rapidement.
La biosécurité ce sont 5 grandes étapes clés :
- Analyse des risques
- Contrôle des maladies vectorielles
- Organisation du site et des écuries
- Nettoyage et désinfection
- Traçabilité
Comment procéder à l’analyse des risques ?
L’analyse des risques étudie chaque maladie potentielle et notamment
- sa potentialité d’arriver dans un évènement (faible – moyen – fort)
- sa gravité si elle arrive (faible – moyen – fort)
Cela permet de déterminer un risque qui est rouge, orange ou vert et ainsi de catégoriser les maladies.
Par exemple, si la maladie a très peu de chance d’arriver et peu d’impact, on ne prend pas de mesure spécifique = plan vert. Cependant, si une maladie peut arriver et a un impact important = plan rouge avec surveillance de la maladie.
A noter : il existe des masques type FFP2 pour les chevaux. Cela permet d’aller rafraichir, doucher un cheval qui arrive sur un concours et pour lequel on a quelques doutes sur son statut infectieux. Plus d’informations : https://www.ekynov.com/
Quelle gestion des vecteurs ?
L’observation du site, de sa localisation permet d’identifier les vecteurs qui peuvent potentiellement être présents sur le site :
- région à Fièvre de West Nile ?
- proximité de la forêt : risque de tiques
- présence d’une mare, d’un canal… : risque de moustiques
- etc
Il est possible de mettre des pièges qui vont limiter la présence des vecteurs. Il est recommandé de prévoir des bâches pour protéger les bacs d’eau d’abreuvement des chevaux, des moustiques et des mouches, ainsi que de prévoir leur nettoyage quotidien.
Quelle organisation du site et des écuries ?
Il est important de penser également à la sécurité des chevaux et des personnes. Prévoir une organisation du site avec des zones dégagées, une circulation aisée et une marche en avant. La marche en avant est indispensable : elle permet de ne pas faire entrer sur le site des chevaux qui ont de la température par exemple.
Un pédiluve obligatoire pour tous, chevaux, piétons, véhicules à 2, 3 ou 4 roues positionné à l’entrée du site permet de désinfecter l’ensemble des pieds et roues entrants sur ce dernier.
Focus écuries
Pour les écuries, il est nécessaire de les compartimenter en petites unités de 20 boxes maximum. Pour chacune de ses unités, prévoir des ventilations et des entrées indépendantes. Cela permet de fermer complètement une unité si un cheval est suspect, sans pour autant impacter l’ensemble de l’écurie.
Focus boxes d’attente
Mettre en place des boxes d’attente à l’arrivée des chevaux. Ainsi, si un cheval présente une température supérieure à 38,5°C à l’arrivée, il est possible de l’installer dans ce box, avec les autres chevaux du camion s’ils sont venus à plusieurs, et de mettre en place des mesures adaptées, sans que ces animaux soient rentrés sur le site.
Focus douches
Installer des tuyaux suspendus qui viennent par en haut : ils ne traineront pas au sol et ne risqueront pas d’être souillés. Un point important aussi : pas de douche à proximité du tas de fumier qui est une source de contamination potentielle.
Focus signalétique
La communication des informations garantes de la biosécurité est importante pour son bon maintien sur le site. Ne pas hésiter à signaler avec des affiches, des pancartes, tout ce qui est demandé : lavage des mains, passage par le pédiluve, interdiction de l’accès aux chiens, interdiction d’entrer sur les zones d’isolement, plan de circulation … Les différentes zones sont également indiquées avec des pancartes pour être bien visibles.
Comment procéder efficacement au nettoyage et à la désinfection ?
L’objectif : avoir des boxes propres, désinfectés et scellés avant l’entrée des chevaux. Pas de paille / copeaux dans les boxes, ce sont les utilisateurs qui les mettent en place à l’arrivée.
Un désinfectant idéal possède ces caractéristiques :
- Large spectre : il doit éradiquer une grande variété de germes
- Action rapide
- Non affecté par les facteurs environnementaux
- Non toxique
- Compatibilité de surfaces : ne doit pas endommager les instruments, ni détériorer le caoutchouc, plastique, ….
- Effet résiduel sur les surfaces traitées (rémanence)
- Facile à utiliser
- Sans odeur pour ne pas incommoder les chevaux
- Économique
- Le pH de l’eau de dilution ne doit pas modifier ses propriétés
- Stabilité : concentré ou dilué, il doit rester stable
Les désinfectants sont des ammoniums quaternaires ou des dérivés phénoliques.
Il est important de bien lire la notice et bien utiliser les dilutions adaptées aux besoins ciblés.
Désinfecter au moins 1 fois par jour tous les locaux communs, les outils et surfaces, ainsi que tout matériel avec des roues entrant sur le site.
Quelle la traçabilité ?
Il est primordial de conserver une trace de toutes les opérations de nettoyage désinfection, mais aussi des places occupées par les chevaux, dans les écuries, dans les boxes de traitement, dans les boxes d’isolement. Ainsi on peut retrouver rapidement qui était à côté de qui en cas de suspicion, et surtout de confirmation chez un cheval.
Et le bien-être équin ?
La biosécurité ce n’est pas que nettoyer et désinfecter, les besoins du cheval sont aussi pris en compte. Ainsi, les temps de détente sont organisés, des moments d’interaction peuvent être aménagés, l’attention est portée sur l’environnement : brumisateurs, lumière infra-rouge pour surveiller sans déranger le sommeil….
Pour revoir la webconférence d’Anne Couroucé c’est par ici :
Pour plus d’info sur la biosécurité, retrouvez les épisodes biosécurité du RESPE : https://respe.net/la-biosecurite-quest-ce-que-cest/