
Retrouvez la webconférence de Stéphane Pronost pour le RESPE : la grippe équine, un virus sous haute surveillance, en partenariat avec l’IFCE.
Notre expert, Stéphane Pronost, a abordé trois grands points :
- la grippe équine : la maladie et son virus
- comment lutter contre la grippe équine ?
- quelles perspectives demain ?
La grippe équine : une maladie
La grippe est une maladie respiratoire très contagieuse. Ses symptômes sont :
- une forte fièvre (plus de 40°C),
- une toux forte/sèche quinteuse,
- un écoulement nasal (séreux à mucoporulent),
- des difficultés respiratoires.
Il est possible également que le cheval présente des myalgies et/ou de l’anorexie.
Des complications sont possibles, notamment avec des surinfections bactériennes et à moyen terme des complications cardiaques et à long terme de l’asthme.
Plus d’info : https://respe.net/maladie-equine/respiratoire/grippe/
La grippe équine : un virus
Le virus de la grippe touche de nombreuses espèces animales.
C’est un virus qui se transmet par voie respiratoire. Il se transmet aussi par contact direct (gouttelettes lors de la toux, aérosols pouvant voyager jusqu’à 1,5km) et contact indirect (mains, vêtements, animaux domestiques, matériel…).
A noter que le cheval excrète du virus dans les 24h suivant la contamination. L’excrétion dure environ 3 semaines.
Pour pouvoir se reproduire, le virus a besoin d’un hôte qu’il infecte. Une fois dans l’organisme, il s’attache à une cellule et utilise la « machinerie » de cette dernière pour fabriquer de nouveaux virus. Ces virus sont transportés hors de la cellule et vont à leur tour contaminer de nouvelles cellules. C’est ainsi qu’à partir des cellules des voies respiratoires, d’autres cellules de l’organisme pourront être touchées.
Le virus de la grippe est un virus qui évolue facilement. Cependant la vitesse de mutation du virus de la grippe équine est beaucoup plus faible que celle du virus de la grippe chez l’homme.
Comment lutter contre la grippe équine ?
La lutte contre la grippe s’appuie sur 3 piliers : la surveillance, la vaccination et la biosécurité.
La surveillance
La surveillance est indispensable pour la filière équine : le cheval est un animal qui voyage énormément Il y a donc des risques augmentés de transmission.
La surveillance est réalisée au niveau international, en effet, la grippe est une maladie qui dans certaines situations, tuer des équidés et avoir surtout des conséquences économiques importantes, notamment dans les pays tiers.
En France, la surveillance mobilise différents acteurs : les propriétaires, les vétérinaires, les laboratoires diagnostics, le RESPE, qui permet de suivre les cas de grippe positifs et d’avoir à l’échelle nationale des informations en temps réel (alertes et gestion de crise). Certains laboratoires jouent aussi un rôle d’expertise en caractérisant le virus, pour s’assurer que les vaccins commercialisés sont en cohérence avec les souches qui circulent. Ces informations sont diffusées ensuite au niveau national et international.
La vaccination
La vaccination est la meilleure prophylaxie pour lutter contre la grippe équine, sous réserve de respecter le protocole vaccinal. Les vaccins contre la grippe équine sont très efficaces.
Mais attention, aucun vaccin n’est efficace à 100% et un cheval vacciné peut quand même attraper la grippe et être excréteur du virus.
La vaccination a un intérêt de protection individuelle et collective. Si tous les équidés d’un site ne sont pas vaccinés, la couverture n’est pas efficace.
Le taux de vaccination élevé en France est certainement à l’origine de la différence de situation observée en 2019 lors de l’épisode de grippe : arrêt des courses en Angleterre et non en France alors que plus de 50 cas étaient confirmés par le RESPE.
Il est important de faire la primo-vaccination puis les rappels, en suivant les recommandations du fournisseur de vaccin. Attention : si une injection est faite à 4 mois (vaccination précoce en cas de circulation du virus), elle ne constitue pas la première injection du protocole mais une protection complémentaire. Le protocole de primo-vaccination doit bien être entamé aux 6 mois du poulain.
Si l’animal est vacciné régulièrement pendant plusieurs années, le décalage de date anniversaire d’1 jour ou 2 n’a pas de conséquences. En revanche, si la vaccination n’est pas régulière, le décalage aura un réel impact et il sera nécessaire de reprendre la vaccination au début, c’est-à-dire à la primo-vaccination.
Les mesures de biosécurité
Ces mesures sont indispensables dans la lutte contre la grippe. En effet, si malgré la surveillance et la vaccination, des cas surviennent, il sera trop tard pour éviter l’épidémie.
Pour mettre en place les mesures adaptées de lutte contre la grippe, il est important de connaitre les facteurs favorisant la transmission de son virus :
- exposition à des chevaux récemment importés et/ou participation à des compétitions, des courses, des rassemblements
- immunodépression du à un stress (maladie antérieure récente, déplacement, activité intense,…)
- âge (poulain ou senior)
- vaccination non effectuée dans les 3 dernières mois, âge non adapté pour la primo (avant 6 mois ou après 18 mois)
- saison (plus de risques pendant les saisons froides), emplacement à risque (sous le vent à proximité de chevaux infectés)
Les mesures de biosécurité constituent une série de mesures complémentaires qui évitent le passage et la propagation du virus : suivi des alertes du RESPE, circuit de soin, communication sur les mesures de précaution…
Plus d’infos sur les mesures de prévention :
https://respe.net/prevention/
Plus d’infos sur les mesures de biosécurité :
https://respe.net/retrouvez-la-webconference-danne-courouce-pour-le-respe-biosecurite-et-bien-etre-equin-dans-les-grands-evenements-sportifs/,
https://respe.net/la-biosecurite-quest-ce-que-cest/,
https://respe.net/la-biosecurite-le-circuit-de-soins/,
https://respe.net/la-biosecurite-je-suspecte-mon-cheval-detre-malade/,
https://respe.net/la-biosecurite-lintroduction-dun-nouvel-equide/,
https://respe.net/la-biosecurite-connaitre-les-principales-sources-de-maladies-infectieuses-pour-les-equides/,
https://respe.net/la-biosecurite-vigilance-au-materiel/
Et demain ?
Des recherches sont en cours, tant pour trouver des protocoles de « booster » de l’efficacité du vaccin (utile si une mutation rendait un vaccin moins efficace), que pour garder une très bonne qualité de surveillance à tous les niveaux, conserver le savoir-faire de culture de virus pour obtenir les souches pour la préparation des vaccins.
La surveillance s’inscrit dans une logique One Health, avec une surveillance globale de l’évolution des virus de la grippe chez l’Homme/animaux, inter-espèces (par exemple, un suivi attentif est effectué des chevaux infectés par le virus H5N1, normalement infectant les oiseaux, en Mongolie).
Focus sur l’épidémie de 2007 en Australie
Avant 2007, l’Australie était indemne de grippe équine, les chevaux n’étaient pas vaccinés et n’avaient pas de contact avec le virus grippal, donc pas d’anticorps. Les chevaux qui entraient sur le territoire devaient passer par une quarantaine. En 2007, un cheval vacciné contre la grippe asymptomatique mais excréteur arrive du Japon et sort de quarantaine, toujours excréteur… En 6 semaines, ce sont plus de 75000 chevaux « naïfs » qui ont été contaminés. Les pertes économiques pour la filière équine australienne sont estimées à plus d’1 billion de dollars australiens.
En conclusion
4 verbes pour éviter la grippe : vacciner – tester – isoler – tracer
Un cheval vacciné peut être excréteur et asymptomatique, il est nécessaire de l’isoler si le test PCR est positif.
Pour revoir la webconférence de Stéphane Pronost c’est par ici :