Typologie des Vétérinaires Sentinelles – Bulletin n°34

par Charlène DAIX (1)

Présents depuis l’origine du RESPE, les Vétérinaires Sentinelles (VS) représentent la pierre angulaire du système de surveillance mis en place par le RESPE. En effet, avec plus de 500 inscrits, le réseau totalise un nombre important d’acteurs répartis aux quatre coins de la France et dans les DOM TOM. Responsables de la remontée des suspicions, mais aussi de la réalisation des prélèvements, ils assurent également le recueil standardisé de données standardisé sur les aspects cliniques et épidémiologiques des cas qu’ils rencontrent.

Cependant si les VS, font partie intégrante du réseau depuis sa création, le RESPE ne dispose d’aucune information individuelle les concernant, en particulier sur leurs « habitudes » déclaratives. Ainsi, une étude statistique a été entreprise dans le but de mieux connaître les VS à partir des bases de données des différents sous-réseaux du RESPE mais également grâce au rapport d’activité sanitaire 2013 mis en place début 2014 (cf. pièce jointe). Sur la totalité des VS, seulement 430 ont été inclus dans l’étude ; en effet, les signataires inscrits après le 1er janvier 2013 ont été retirés car ils n’avaient pas retourné le bilan annuel.

Description des VS

Le nombre de VS n’a cessé de croître depuis la création du statut de vétérinaire sentinelle, mais de manière très irrégulière. En effet, le nombre de nouveaux VS a été très important en 2005, puis de 2010 à 2012, ce qui coïncide globalement avec les épizooties survenues ces années-là. A l’inverse, le taux d’inscription a été très faible en 2004 (mise en place des VS) et de 2006 à 2009 (année de refonte du réseau et de son passage en association). Cependant, l’ancienneté des VS dans leur inscription au RESPE n’a aucun impact sur le nombre de déclarations qu’ils réalisent.
Les VS restent inégalement répartis sur le territoire français. Ils se situent majoritairement dans le Grand Ouest de la France, dont la Basse-Normandie, la Bretagne et l’Ile-de-France. Ils sont moins nombreux dans le Centre de la France et dans les régions frontalières au Nord. Seulement 12 départements recensent plus de 10 VS. Le nombre de VS situé dans chaque région est cependant corrélé avec le nombre d’équidés recensés par l’IFCE. Ainsi plus il y a de chevaux dans une région, plus il y a de VS enregistrés dans celle-ci.

Habitudes déclaratives

Pour les déclarations, la base de données contenait 3230 déclarations faites par 375 VS, tous sous-réseaux confondus. 15% d’entre eux ont déclaré plus de 4 cas par an, alors que la moitié n’a fait qu’une déclaration en 5 ans. Une grande partie des VS déclare ne pas voir beaucoup de cas suspects, pourtant 54% s’occupent exclusivement de chevaux. 90% du top 10 des VS sont des praticiens équins purs dont 7 sont basés en Basse-Normandie.

163 VS ne déclaraient plus depuis 5 ans : certains sont partis en retraite, ont changé de profession ou se sont inscrits en 2013, ce qui les a exclu de l’étude (pas de rapport annuel demandé). Au final, il reste 105 VS pour lesquels la raison de la non déclaration n’est pas connue, dont 70% se sont inscrits entre 2009 et 2012. Peut-être ont-ils rejoint le RESPE pour signifier leur adhésion aux objectifs défendus par l’association et signalent ainsi leur soutien et leur envie d’y participer ?

Rapport sanitaire

Après envoi du rapport sanitaire aux 430 VS inclus dans l’étude et plusieurs relances téléphoniques, le RESPE a enregistré le retour de 269 VS, soit un taux réponse de 63%. Le tableau 1 présente les principaux résultats obtenus suite à l’exploitation des résultats du questionnaire.

Tableau de rapport sanitaire RESPE

Sur les 269 VS, tous les VS ayant moins de 10% de clientèle équine ne déclarent aucun cas. Plus le VS a un pourcentage de clientèle équine important, plus il y a de chance qu’il déclare une suspicion (cf. figure 1). Dans les réponses données par les VS, on constate que c’est effectivement le cas. Par exemple, seulement 18% des VS exerçant moins de 10% d’activité équine rencontrent entre 1 et 10 cas d’avortements contre 51% pour les VS exclusivement équins.

Tableau de rapport sanitaire RESPE

Parmi les VS qui ont répondu au rapport sanitaire, 46% déclarent des cas au RESPE. Ce sont les VS mixtes qui déclarent le plus de cas, mais ce sont les VS équins purs et les VS de 30 à 50% de clientèle équine qui en rencontrent le plus. Les VS de 10 à 30% de clientèle équines en ont rencontré au plus 10 sur l’année 2013.

Parmi les VS qui déclarent des cas au RESPE, 26% ne déclarent pas tous les cas suspects qu’ils rencontrent. Les principales raisons évoquées par les vétérinaires sont l’absence d’accord du propriétaire, l’oubli ou le manque de temps et l’établissement d’un diagnostic de certitude sans nécessité d’analyses.

Conclusion

En conclusion, cette étude a permis d’en apprendre plus sur les vétérinaires sentinelles. Bien que répartis de façon inégale sur le territoire, les VS sont localisés en fonction de la densité d’équidés présents. C’est un point positif quant à la surveillance globale des équidés et par conséquent par rapport à la couverture du RESPE. Malheureusement, 146 VS ne sont pas actifs de façon régulière dans le réseau et ce pour diverses raisons (temps, déclaration en ligne…). Ainsi, le RESPE aspire à améliorer son dispositif pour optimiser la participation des VS à la surveillance. Pour finir, malgré un taux de réponse relativement satisfaisant au rapport sanitaire, le réseau exigera, à l’avenir, un envoi annuel systématique de ce questionnaire. Tout vétérinaire signataire de la charte devra retourner son bilan au RESPE chaque début d’année, en gage de son engagement dans le réseau.

(1) Technicien RESPE