Vaccination contre la grippe : question / réponse – bulletin n°19
François VALON (1)
Question de Franck Messialle
Je vous soumets un sujet qui me tient à cœur. Le vétérinaire a l’exclusivité de la validation des vaccinations sur les livrets. Pourtant, de nombreux livrets sont à jour alors que, au mieux, quelqu’un d’autre que le vétérinaire a fait l’injection; au pire, le cheval n’est pas vacciné.
Ne serait-il pas nécessaire que le RESPE « fasse campagne » pour revaloriser l’acte médical de prophylaxie que constitue la vaccination (examen et injection) et souligner le danger de limiter notre capacité à une signature sans s’assurer de la réalité de cet acte de prophylaxie ?
Réponse de François Valon
Il est évident que nous sommes tous confrontés à ce problème.
De mon point de vue et je pense qu’il est partagé par la plupart des membres du Conseil d’orientation, le RESPE n’a pas vocation à mettre en œuvre ni contrôler directement une prophylaxie médicale ou sanitaire et encore moins d’assurer une « police ». Sa vocation est d’apporter les informations épidémiologiques utiles aux intervenants et décideurs pour leur permettre de promouvoir des politiques sanitaires, d’assurer leurs missions sur des bases scientifiques et répondre aux contradicteurs avec des arguments objectifs.
A la suite d’une critique de notre confrère Jacques Martin, nous avons organisé une table ronde et j’avais écris dans la lettre de l’AVEF : « Chacun reconnaît l’intérêt de l’épidémiologie. Cette volonté de créer un réseau d’épidémio-surveillance national (RESPE) se justifie d’autant plus que des prophylaxies médicales obligatoires (affections respiratoires) sont imposées sans justification épidémiologique actualisée et que l’état se désengage de la filière Equine imposant aux professionnels la prise en charge de nouvelles missions.
Le réseau SRA (Syndrome grippal) illustre bien l’intérêt et les limites de notre travail. Depuis 5 ans, grâce aux déclarations et prélèvements effectués par les vétérinaires sentinelles, des foyers de Grippe ont été identifiés (17 en 2004), l’étude par biologie moléculaire des virus a permis de caractériser les souches ( lignées « Européenne » et « Américaine »).
Ce travail contribue à surveiller l’évolution des caractéristiques génétiques de ces virus et à mieux comprendre les relations et modes de propagations entre les foyers. Il permet aussi d’améliorer l’efficacité vaccinale par un meilleur recrutement des souches virales utilisées, et donne aux vétérinaires sentinelles les informations indispensables pour l’application des mesures sanitaires et médicales raisonnées. En raison d’une implication insuffisante et d’une répartition nationale inégale des déclarants, il est encore difficile d’évaluer l’incidence exacte des affections respiratoires d’origine virale ( particulièrement Grippe et EHV1), d’apprécier leur évolution au fil des années et de juger objectivement la pertinence des protocoles des prophylaxies médicales obligatoires.
Il est aussi noté malheureusement que certains chevaux pour diverses raisons ne reçoivent jamais les administrations vaccinales certifiées sur leur livret. Dépassant le cadre des études de notre commission, une véritable réflexion et un effort professionnel scientifique, pédagogique, et moral sont indispensables.»
La balle est donc dans le camp des organisations professionnelles et syndicales (AVEF, SNGTV, l’Ordre…).
(1) Clinique vétérinaire du Parc des Brières