Maladies du pâturage
Pourquoi ?
La surveillance des Maladies du pâturage contribue à :- centraliser, détecter de façon précoce des cas et appeler à la vigilance quand nécessaire selon les zones touchées ;
- une aide au diagnostic, avec restitution de l’information aux acteurs de la filière équine, vétérinaires et socio-professionnels.
- améliorer les connaissances sur ces maladies à travers le recueil de données cliniques et épidémiologiques ;
- accompagner des travaux de recherche permettant de mieux connaître ces maladies pour une meilleure prévention et un développement des outils diagnostiques et de prise en charge des équidés atteints.
Quoi ?
Il s’agit de maladies des chevaux stationnés au pré sur de longues périodes. Elles sont d’apparition généralement brutale et provoquent des signes cliniques variés : cheval retrouvé mort ou couché au pré, troubles digestifs, amaigrissement, atteintes neurologiques, cutanées, etc. Les maladies suivies dans le cadre du protocole de surveillance du RESPE sont :- la myopathie atypique
- la maladie de l’herbe (Grass Sickness)
Comment ?
Lorsqu’un cheval présente un Syndrome Maladies du Pâturage (myopathie atypique ou maladie de l’herbe), le Vétérinaire Sentinelle qui l’examine peut, avec l’accord du propriétaire, le déclarer au RESPE. Cette première information permet au RESPE de connaître la répartition des chevaux malades.
Le Vétérinaire Sentinelle prélève des échantillons sur l’équidé : sang, biopsie musculaire et contenu de l’estomac (uniquement pour la maladie de l’herbe).
Ces échantillons vont servir à confirmer ou non la maladie par des analyses de laboratoire. Plus particulièrement pour la myopathie atypique, les prélèvements sanguins sur les animaux vivants vont permettre d’établir un bilan diagnostique et pronostique.
Les prélèvements pour la myopathie atypique sont envoyés au laboratoire partenaire du RESPE (LABEO Frank Duncombe) et, dans le cadre de la recherche sur la maladie de l’herbe, au Centre National de Recherche des Bactéries Anaérobies et du Botulisme de l’Institut Pasteur.
Si le résultat revient positif sur une maladie surveillée, cette seconde information permet de connaitre la répartition des maladies en France. Elle vient compléter les cas enregistrés par l’AMAG (« Atypical Myopathy Alert Group », réseau européen de surveillance et d’alertesur cette maladie) qui diffuse, selon la situation, des appels à la vigilance et des bilans réguliers du nombre de cas de myopathie atypique recensés en Europe. Des mesures de précaution accompagnent ces diffusions.
Informations complémentaires
Dans le cadre du protocole de surveillance du Syndrome Maladies du Pâturage, le RESPE propose une prise en charge :- pour la myopathie atypique de 50% des frais d’analyses pour l’établissement d’un bilan diagnostique et pronostique de la myopathie atypique sur les animaux vivants. Pour les animaux morts, les analyses sur les prélèvements musculaires sont prises en charge à 100%.
- pour la maladie de l’herbe, les analyses étant réalisées dans le cadre d’un protocole de recherche, la prise en charge est de 100%.
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Foire aux questions
+- Comment se fait-il qu'il n'y a pas d'alerte sur la myopathie atypique ?
La myopathie atypique n’est pas une maladie contagieuse, elle ne demande donc pas une information immédiate de la filière pour éviter les contaminations.
Cette maladie est une intoxication due à l’ingestion des graines ou plantules de l’érable sycomore principalement en France. A ce titre, elle dépend de la quantité de graines ou de plantules présents dans l’environnement des équidés, qui varie selon les saisons et les années.
Même s’il ne réalise pas d’alerte pour chaque cas confirmé de myopathie atypique, le RESPE diffuse des appels à la vigilance au moment des saisons à risque (printemps et automne), ou quand un nombre croissant de cas sont recensés.
Par ailleurs, le RESPE suit cette maladie de près et effectue des bilans réguliers en collaboration avec l’AMAG, réseau européen de surveillance de la Myopathie atypique et l’Université de Liège.
+- La myopathie atypique est-elle une maladie inéluctable ?
Lorsqu’un cas de myopathie atypique se déclare dans une pâture, les autres équidés présents doivent être retirés de cette pâture. Ils doivent être surveillés étroitement dans les jours suivants car ils ont été exposés à la toxine présente dans le milieu. Toutefois, il est possible d’assainir une prairie en supprimant l’exposition aux érables sycomores ou au moins de réduire le risque. L’abattage peut s’avérer nécessaire, mais d’autres mesures de prévention existent également, comme l’élagage des arbres, la limitation du temps de pâturage, le ramassage et la destruction des samares et des plantules.
+- Comment réagir face à un cas de myopathie atypique ?
Un soutien thérapeutique existe, bien qu’il n’existe pas d’antidote. La mortalité reste très élevée, mais une prise en charge vétérinaire rapide permet d’augmenter les chances de survie : appeler le vétérinaire est donc le premier réflexe à avoir. Si l'animal le peut, il est préférable de le déplacer à l’abri en prévoyant une couche épaisse de litière. Une perfusion, des vitamines et des antioxydants pourront être proposés par le vétérinaire. Les antibiotiques ne sont pas justifiés car la maladie n’est pas d’origine infectieuse.
Les animaux survivants n’ont généralement pas de séquelles.
+- Quels sont les symptômes de la myopathie atypique ?
Il s’agit une maladie aiguë, aucun élément clinique ou scientifique ne permet de dire que la myopathie atypique puisse se présenter sous forme chronique. Les symptômes apparaissent brutalement ; souvent l’équidé malade est retrouvé couché alors qu’il allait bien la veille.
Dans la grande majorité des cas, il n’y a pas de fièvre, l’appétit est généralement conservé, mais une atteinte très sévère de l’état général est constatée : difficulté ou incapacité à tenir debout, raideurs musculaires, tremblements, transpiration, urine très foncée (couleur café), congestion des muqueuses… doivent mener à une suspicion de myopathie atypique.
+- Existe-t-il une saisonnalité marquée pour la myopathie atypique ?
L’intoxication est liée à l’ingestion des graines et des plantules, la saisonnalité est donc logiquement liée au cycle de vie de l’érable sycomore : l’automne, à la chute des samares et le printemps, lorsque les graines germent et donnent des plantules, sont deux périodes à risque.
+- La myopathie atypique est-elle une maladie du cheval mal nourri ?
Les études ont montré que les chevaux bien nourris sont aussi sujets à la myopathie atypique. Les études ont montré qu'il n’y a aucune prédisposition liée au sexe.
Par ailleurs, les facteurs ayant une influence prouvée sur le risque d’être affecté par la myopathie atypique sont notamment l’âge : les chevaux de moins de 5 ans étant plus touchés, et la durée de pâturage : les chevaux affectés passent généralement plus de 6 heures par jour en prairie.
+- Quelle est la cause de la myopathie atypique ?
Depuis 2013, la cause de la maladie a été clairement identifiée : c’est l’ingestion d’une toxine, l’hypoglycine A, qui la provoque. Cette toxine est contenue dans les fleurs, les graines (aussi appelées samares) et les plantules de l’érable sycomore (Acer pseudoplatanus). L’érable negundo (Acer negundo), plus rare en Europe, en produit également. L’animal s’intoxique principalement en consommant les samares ou les plantules.
L’hypoglycine A est transformée par l’organisme du cheval en un composé toxique qui perturbe fortement le métabolisme énergétique des cellules musculaires et les empêche d’utiliser les lipides comme source d’énergie. En Europe, aucun autre végétal (arbre, arbuste, plante, etc.) n’a pour le moment été incriminé.
+- La myopathie atypique est-elle une maladie émergente ?
Cette intoxication d’origine environnementale et fatale dans environ 70% des cas touche des équidés au pré et est décrite depuis les années 40. Elle est considérée comme émergente depuis le début des années 2000. Le Réseau d’Epidémiosurveillance en Pathologie Equine (RESPE) et l’AMAG (Atypical Myopathy Alert Group) travaillent à la surveillance de cette maladie en Europe et mènent des recherches collaboratives à son sujet. La déclaration de cas auprès de l’AMAG (ouverte à tous) ou auprès du RESPE (ouverte aux vétérinaires français) permet la collecte d’informations essentielles au suivi de la maladie mais aussi aux avancées scientifiques.
+- De temps en temps, mon cheval tape fort du postérieur, cela peut-il être un signe de la maladie de Harper australien ?
Le fait de « taper » fort peut être le signe d'un problème touchant le membre, mais dans le cas du Harper australien cette atteinte est bilatérale, et le cheval peut plier le postérieur, le remonter, mais ne peut pas l'avancer. Si dans votre cas, ce comportement est ponctuel et uniquement d'un côté, il est probable qu'il ne s'agisse pas de Harper.